Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/592

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tre le chemin de Montania et de Smyrne, il y a deux autres Bains dont l’un est nommé Cuchurtli, à cause que ses eaux sente le soufre. C’est Rustom Pacha, gendre de Solyman II qui en a fait faire le bâtiment.

A deux milles de Pruse, et à un mille des Bains nouveaux, sur le chemin qui va de Smyrne à la ville de Cechirgé, sont les anciens Bains de Capliza, que les Turcs appellent Eski-capliza. Le Docteur Marc Antoine Cerci nous y accompagna et nous fit remarquer que dans ce village il y avoit un bel Imaret ; c’est sans doute celui qui fut fondé par Mourat I. Les eaux du vieux Capliza sont fort chaudes, et quoique le bâtiment soit à peu prés comme celui des nouveaux Bains, et par conséquent peu ancien ; il y a beaucoup d’apparence que ce sont les eaux chaudes Royales dont se servoient les Grecs, du temps que leur Empire florissoit, et dont Constantin et Estienne de Byzance ont fait mention. Mahomet I les fit rétablir et mettre dans l’état où elles sont. Outre ce grand Bain, il y a dans le même village un autre Bain plus petit, que les Turcs frequentent aussi et où ils se font donner la douche. Les eaux de tous ces Bains, tant vieux que nouveaux, blanchissent l’huile de Tartre, et ne font rien avec le papier bleu.

Nous connûmes deux Herboristes à Prusse, l’un Emir et l’autre Armenien, qui passoient pour de grands Docteurs. Ils nous fournirent des racines du veritable Ellebore noir des anciens, autant que nous voulumes pour en faire l’extrait. C’est la même espece que celles des Anticyres et des côtes de la mer Noire. Cette Plante que les Turcs appellent Zopléme et qui est tres commune au pied du mont Olympe, a pour racine un trognon, gros comme le pouce, couché en travers, long de trois ou quatre pouces, dur, ligneux, divisé en quelques racines plus menües