Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/66

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core bien plus difficile à observer, par rapport à son opposition à la nature corrompuë. C’est pourquoi, continüoit-il, le Seigneur qui est plein de misericorde vous envoye par mon ministere une Loi facile et proportionnée à vos foiblesses, afin qu’en la suivant exactement, chacun de vous puisse se rendre heureux en ce monde et en l’autre.

Comme je ne connois pas le génie de la langue Arabe, ni ses délicatesses, l’Alcoran me semble un livre mal composé, qui parmi de bonnes choses contient une infinité de contes pueriles et frivoles ; quoique cependant l’exercice de la religion Mahometane, à quelques bagatelles prés qui regardent le soin que chacun doit prendre de son corps, paroisse beaucoup mieux entendu. Peut-être que pour se rendre maître de l’imagination des Idolâtres, frappée des figures de bois et de pierre, Mahomet crût qu’il étoit nécessaire de les flatter par des images agréables de l’autre monde ; et que pour les approcher de la raison, il falloit entrer dans leur goût, en faisant esperer des plaisirs sensuels aprés la mort, à des gens qui pendant leur vie n’en avoient pas connu d’autres. Ce livre, tel qu’il est, renferme toutes les Loix Ecclesiastiques et Civiles des Mahometans, et il leur apprend tout ce qu’ils doivent croire et pratiquer. Ils n’oseroient l’ouvrir sans l’avoir porté sur la tête, ce qui est parmi eux la plus grande marque de vénération qu’ils puissent donner ; et leur principale ocupation est de le lire, suivant le precepte qui dit. Attachez-vous souvent à la lecture du livre qui vous a été envoié, et priez incessamment, parce que l’oraison détourne du peché. Ils sont persuadez que ceux qui le liront un certain nombre de fois, gagneront le paradis. Enfin ils l’appellent le livre par excellence, car Alcoran ne signifie autre chose que l’Ecriture.

Il seroit assez inutile de rapporter ici comment ce livre