Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mans croyent en cela faire une chose agréable à Dieu, qui est le créateur et le conservateur de toutes choses. Ils sont assez simples pour s’imaginer qu’ils font plaisir aux morts en versant de l’eau sur leurs tombeaux ; cela peut, disent-ils, leur donner du rafraichissement ; on voit même plusieurs femmes qui vont manger et boire dans les cimetieres le vendredi, croyant appaiser par ce moyen la faim et la soif de leurs maris.

Avant que de vous entretenir, Mgr. de toutes les pratiques des Turcs, au sujet des morts, il est bon d’expliquer les deux Commandemens qui restent ; sçavoir celui du voyage de la Méque, et celuy de la Propreté. Non seulement le pelerinage de la Mêque est difficile par la longueur du chemin, mais encore par rapport aux dangers que l’on court en Barbarie, où les vols sont frequens, les eaux rares et les chaleurs excessives ; il est vrai que les Mahometans peuvent s’en dispenser, et substituer à leur place un homme qui coure le risque du voyage. Ils regardent le temple de Haram, qui est celui de la Méque, comme l’ouvrage d’Abraham. Fais savoir à tout le monde, dit l’Alcoran, que Dieu a commandé de suivre la religion d’Abraham, lequel n’étoit ni idolâtre ni incredule. Que c’est Abraham qui a bâti le temple de la Méque, lequel est le premier que l’on ait construit pour prier le Seigneur. L’honneur que l’on porte à ce lieu est fort agréable à Dieu. Il veut que tous ceux qui peuvent y aller, y aillent. Les Musulmans ne s’embarrassent pas de l’Anachronisme, et ils condamneroient au feu quiconque oseroit nier qu’il n’y avoit point de ville de la Méque dans le temps d’Abraham.

Les quatre rendez-vous des pelerins sont, Damas, le Caire, Babylone, et Zebir. Ils se préparent à ce penible voyage par un jeûne qui suit celui du Ramazan, et s’as-