Page:Tourzel - Souvenirs de quarante ans, 1861.djvu/194

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bien adouci mes peines, mais, en même temps, elle a bien augmenté mes inquiétudes. L’idée que je lui faisais partager des périls à l’abri desquels son âge devait naturellement la mettre me tourmentait sans cesse et m’empêchait de jouir du bonheur de l’avoir près de moi.

« Elle vous a dit comme elle me fut enlevée une nuit par un inconnu qui entra dans la chambre où nous étions enfermées. Cette séparation me mit au désespoir et comme hors de moi ; mais je plaçai ma confiance en la bonté du ciel, qui protège l’innocence. Un secret pressentiment me disait qu’il veillerait sur elle et qu’il ne l’éloignait de moi que pour la conserver. C’est ainsi que je me consolai de perdre ses soins si doux pour moi. Je ne souffris beaucoup que dans cet instant où, après qu’elle fut sortie de la chambre, j’entendis refermer les verrous de