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Page:Tourzel - Souvenirs de quarante ans, 1861.djvu/250

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Les motifs de cette translation nous étaient inconnus : pourquoi nous enlever de là pour nous transférer ailleurs ? L’incertitude de notre destination nous fit une triste impression. On nous mena à la prison nommée Port-Libre, nom dérisoire quand on le rapproche de l’usage auquel était employé l’édifice auquel on le donnait. Port-Libre était l’ancien Port-Royal des Champs, rue de la Bourbe.

Le premier spectacle qui s’offrit à nos yeux en traversant la route de Port-Royal fut le départ d’une bande de malheureux condamnés à périr, et parmi lesquels nous reconnûmes le comte de Thiars, vieillard à cheveux blancs, qui marchait d’un pas ferme et avec courage, mais dont la pâleur indiquait que l’âme faisait un violent effort pour surmonter la défaillance du corps.

Ils montèrent pour aller au supplice dans cette même voiture qui nous avait amenées,