Page:Tourzel - Souvenirs de quarante ans, 1861.djvu/291

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la haie. Vous savez que je ne me mets guère au premier rang. J’étais derrière, à l’écart : mes jambes fléchissaient sous moi, mon cœur battait bien fort. Tout à coup les portes s’ouvrent, une voix retentissante jette ces mots qui depuis si longtemps n’ont pas été prononcés en France : Le Roi ! À ces mots, je me sentis troublée jusqu’au fond de l’âme. Tous les souvenirs de ma jeunesse me refluaient à la mémoire. Le passé redevenait l’avenir. Je ne voyais plus, je n’entendais plus : cependant un cri : Ah ! c’est Pauline ! me rappelle à moi-même : je me trouve dans les bras de cette chère princesse qui fondait en larmes ; les miennes coulaient en abondance ; la tête appuyée sur mon épaule, elle resta quelques moments sans parler : puis, me prenant par la main, elle me conduisit au Roi, qui était assis au milieu du salon, et lui dit avec vivacité : « Sire, voilà