Aller au contenu

Page:Tourzel - Souvenirs de quarante ans, 1861.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mais, hélas ! bonheur de bien courte durée.

Tout à coup, vers la fin du mois de juin 1791, nous apprenons que madame la comtesse de Provence[1] est arrivée à Tournai, se sauvant de Paris, et que le Roi aussi a quitté les Tuileries. Notre saisissement peut se concevoir. Nous courûmes chez la princesse ; elle nous dit le départ du Roi et de sa famille pour se rendre à Montmédy, ville forte située près de la frontière, et où commandait M. de Bouillé ; ma mère les accompagnait.

Que d’inquiétudes, de craintes, de tourments ! Ces craintes étaient mêlées d’espérances. Le Roi et la famille royale allaient peut-être échapper à cette demi-captivité dont j’avais été témoin. Établi dans une place forte, au milieu d’une armée fidèle,

  1. Madame la comtesse de Provence (princesse de Savoie), femme du comte de Provence, depuis Louis XVIII.