Page:Tremblay - La sépulture d'Étienne Brulé, 1915.djvu/11

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l’époque du meurtre.


La Relation de 1636 (Vol. x) raconte les démarches des Hurons de l’Ours au sujet de la translation des restes de Brûlé. De Brébeuf dit là-dessus (p. 304) :


Il nous propoſa donc, ſi nous ſerions contens de leuer les corps des deux François qui ſont morts en ce païs, ſçauoir eſt de Guillaume Chaudron & Eſtienne Bruſlé, qui fuſt tué il y a quatre ans…


Consul-W. Butterfield s’est probablement basé sur cette donnée pour affirmer que Brûlé mourut en 1632 (Brulé’s Discoveries and Explorations, p. 120). M. Benjamin Sulte fait mourir l’interprète vers 1633 (Hist. des C.-F, t. I, p. 93). M. N.-E. Dionne se contente de dire que quelques années après s’être vendu aux Anglais en 1629, Brûlé fut tué par un sauvage (Champlain, Makers of Canada, Morang, p. 203).

Il nous faut donc invoquer les Relations pour préciser. Les Français revinrent à Québec en 1632. Le P. Paul Le Jeune était avec eux. Il n’y eut pas de traite. L’année suivante, les bateaux des Cent-Associés parurent. Champlain reprenait possession de la colonie, le P. de Brébeuf se préparait à remonter en Huronie, et la traite allait se renouveler. Laissons la parole au P. Le Jeune (Vol. v, pp. 238-240) :


Le 27. de Iuillet Louys de Saincte Foy ſurnommé des Sauuages Amantacha, duquel i’ay parlé cy deſſus retourna vers le ſieur de Champlain qui l’auoit enuoié au deuant de la groſſe trouppe de Hurons qu’on attendoit de iour en iour : il en eſtoit deſia venu quelques canots en diuers iours, tanſtoſt ſept ou huit, & tanſtot dix ou douze à la fois, mais en fin le 28. de Iuillet il en eſt arriué cent quarãte ou enuiron tout à la fois qui portoient biẽ cinq cens Hurons, d’autres diſent 700 auec leurs marchãdiſes.


Pourquoi Champlain envoyait-il Amantacha au devant du contingent huron ?


… Les Sauuages de l’Iſle & les Algôquains, qui ſont deux nations qu’on rencontre venant des Hurons à Kébec, les auoient voulu diſſuader de venir iuſques aux François, diſans — 240 — qu’on leur ioueroit vn mauuais party à cauſe de la mort d’vn nommé Eſtienne Bruſlé qu’ils auoient tué…


La menace s’aggravait de circonstances mauvaises :


… & qu’vn Algonquain de la petite nation aiant tué vn François, on l’auoit pris priſonnier, & que c’eſtoit fait de ſa vie, qu’on en feroit autant à quelque Huron.


Le gros des Hurons arriva donc à Québec le 28 juillet 1633 après des petits groupes qui s’étaient montrés de jour en jour. Amantacha