Page:Tremblay - La sépulture d'Étienne Brulé, 1915.djvu/12

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était déjà venu le 2 (id., 224-226). Il savait la mort de Brûlé, car une fois renvoyé par Champlain vers ses compatriotes, retenus chez les Algonquins, il leur parla avec autorité, leur faisant voir que les calomnies des gens de l’Île étaient fausses (v, 240, Rel.) :



Louys Amantacha se rencontrant là deſſus aſſeura à ceux de ſa Nation de la bienueillance des Frâçois, proteſtant qu’il eſtoit content qu’on le mit à mort au cas que les François ne leur fiſſent pas très-bon accueil. Que pour Bruſlé qui auoit eſté maſſacré, on ne le tenoit point pour François, puis qu’il auoit quitté ſa nation pour ſe mettre au ſeruice des Anglois.


Amantacha n’eut pas joué sa vie s’il n’eut été rassuré par Champlain sur les conséquences possibles du meurtre.


DURÉE DU VOYAGE.


De Brébeuf dit que le voyage prend d’ordinaire une vingtaine de jours. Des Hurons revinrent en 1637 avec le P. Châtelain trois semaines après leur départ d’Ihonatiria, ce qui abrège énormément l’indication précédente. En 1633, l’état des cours d’eau était propice au canotage rapide ; l’ordre des chemins hâtait les portages. Amantacha, parti de Québec le 5 juillet, revenait le 27 après avoir remonté jusqu’à l’île aux Allumettes, devançant le gros des Hurons d’une journée. Trois semaines ont certainement suffi à ce bon pagayeur pour descendre du lac Huron à Québec, étant données les conditions du voyage et la hâte du converti à dénoncer des meurtriers qui n’appartenaient pas à sa tribu. Amantacha était de la Corde. Toanché appartenait aux Ours. Les tribus se jalousaient. Le P. Le Jeune dit que Louis était arrivé le 2 et s’était confessé le 4 juillet. Il partait le lendemain en mission pour Champlain. Comptons vingt-et-un jours pleins, et nous sommes au 12 juin, date probable du départ des Hurons pour la traite. Amantacha prend la tête du cortège pour annoncer la venue des Sauvages. Comme il n’est pas de l’Ours, il n’a pas à craindre les représailles des Français pour le meurtre de Brûlé. Il n’accorde donc aucune attention aux menaces des gens de l’Île et continue sa route. Mais les autres Hurons, intimidés par l’astuce des insulaires, s’arrêtent ; plusieurs même rebroussent chemin. Tous les Algonquins d’ailleurs s’employaient depuis des années à semer la discorde entre Français et Hurons pour conserver les avantages de la traite à leur bénéfice exclusif. Il faut qu’Amantacha dépêché par Champlain, insiste pour que les Ouendats reprennent leurs canots, surtout ceux de l’Ours.

Sagard et les Jésuites nous assurent souvent de la hâte excessive apportée par les Hurons à partir en voyage, soit pour la traite ou pour d’autres raisons. Exagérons ces renseignements, et donnons quatre