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LES FERMENTS

Vous mentez à nos gars, et vous brûlez leur sang
Dans un ruisseau de bronze et d’acier rugissant ;
Vous nous assassinez des campagnes entières,
Pour peupler sans repos l’usine-cimetière.
La moelle du pays coule dans vos canons
Sans vouer au mépris vos profiteurs sans nom,
Sans qu’une voix s’élève et demande justice
Au nom de ce qui meurt dans vos rires factices ;
Car ce sont nos enfants qui tombent sous vos murs
Et jonchent vos pavés comme des fruits trop mûrs ;
Ils n’étaient pas créés pour les tâches malsaines,
Qui vident les cerveaux et dessèchent les veines,
Mais devant Dieu promis aux doctrines du sol,
Ils promenaient la faulx sans laisse sur le col,
Bons chiens de garde aimant à vivre altiers et libres,
Ayant le cœur loyal et d’honnête équilibre ;
Ils étaient, dans les os, restés francs campagnards,
Mais, libres, ils plaignaient vos embauchés cagnards ;
Ils adoraient leur Dieu sans craindre les risées,
Suivant avec amour les austères brisées