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LE CRI DU NOURRICIER

Dans les traditions qui font les hommes grands
Et les gardent petits dans l’âme des parents.
« La gloire des cités émancipe les races, »
Dites-vous ! Cette gloire a des rançons voraces.
C’est nous qui les payons de fatigue sans fin,
En cachant à vos yeux le spectre de la faim.
La gloire, c’est un mot, quand mon semblable souffre
De vos biens usurpés qui nous traînent au gouffre.
Les ondes, la vapeur et les creusets d’acier
Dressent sur vos trésors un pesant balancier.
Son impulsion peut, s’il monte ou se rabaisse,
Balayer votre gloire et rompre votre caisse.
Quand les écroulements dépassent vos comptoirs,
Ils viennent s’endiguer aux bois de nos plantoirs.
Il ne faut pas, jamais, que notre tâche hésite,
Même si nous faisons vivre vos parasites.
Le chômage du soc est un arrêt de mort,
Car vos progrès géants viennent de notre effort.
La campagne promet une gloire plus belle
Sans forcer le prochain à porter l’escabelle.