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PIERRE QUI ROULE

POURQUOI ?

Lorsque j’allais à l’école, j’avais, parmi mes livres de classe, l’Abrégé de l’Histoire du Canada, lequel ne contenait qu’une mention très succincte de l’insurrection de 1837-38. Mon père y suppléait. Il avait combattu à Saint-Denis, et les événements de cette période agitée étaient encore présents à sa mémoire. Plus tard, vers 1857, autant que je puis m’en souvenir, une nouvelle édition de l’Abrégé contenait un certain nombre de belles pages donnant des détails intéressants qui concordaient avec les récits de mon père. Peu de temps après, ces pages furent supprimées dans les éditions subséquentes. Pourquoi ? Avait-on peur de donner des leçons de civisme aux générations futures ? Il y avait pourtant là des exemples de désintéressement qui ne leur auraient fait aucun mal.

Pendant que nos ennemis persistent à fausser l’histoire afin de prêter le beau rôle à ceux qui, de tout temps, se sont efforcés de nous dénationaliser, il semblerait que la principale préoccupation de certaines gens est d’éviter de contredire les assimilateurs. À en juger par les appréciations de la presse anglaise, on dirait que nous avons toujours été et que nous sommes encore une menace constante contre la paix publique, une menace contre la sécurité du monde en général et des anglophones en particulier.

Ceux-ci, ou du moins ceux qui parlaient et agissaient en leur nom, redoutaient notre puissance au point de vouloir nous exterminer lorsqu’ils étaient vingt contre un. Il est vrai qu’ils n’ont pas réussi ; mais enfin, nous n’étions pas si méchants qu’ils feignaient de le croire, et nous n’avons jamais fait autre chose que nous défendre contre leurs attaques lorsqu’ils nous ont mis dans la nécessité de leur résister.