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Page:Tremblay - Pierre qui roule, 1923.djvu/28

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PIERRE QUI ROULE

Depuis qu’ils sont trente contre un dans l’Amérique du Nord, depuis qu’ils font la pluie et le beau temps dans les immenses territoires découverts, explorés, conquis et partiellement colonisés par nos pères, ils n’ont cessé de nous calomnier. Ils craignent encore que nous les réduisions en servitude !

Ils n’ont rien appris, rien oublié. Leurs gouvernants en sont encore à se constituer les agents provocateurs chargés de fomenter des révoltes qui leur permettraient d’exterminer dans de sanglantes répressions ceux d’entre nous qui ne voudront pas se laisser assimiler. Les calomnies dont nous sommes constamment l’objet de la part des ennemis de notre race, les appels à la violence, les dénis de justice, les continuels empiètements sur nos droits acquis, toute cette politique haineuse d’où l’orangisme tire sa subsistance ont, de tout temps, offert aux autorités de bien meilleures occasions de sévir contre les agitateurs que celle qui leur était offerte par les 92 résolutions.

On a eu beau s’efforcer de nous faire passer pour une race inférieure, ce sont toujours les nôtres qui ont joué le beau rôle dans toute la partie nord du continent américain. Nous avons pu être négligés, vilipendés, exploités et abandonnés avant la cession, revilipendés, ré-exploités et persécutés depuis ; mais ce n’est certainement pas nous qui avons jamais tenté de persécuter les autres.

Nous n’avons plus qu’une seule province où la majorité est d’origine française, et c’est la seule où la minorité n’a jamais eu la moindre occasion de se plaindre. Au Nord-Ouest, il y a eu trois insurrections — en comptant celle de Louis Riel père — . Toutes ont été fomentées par des agents provocateurs. Dans chaque cas, les événements ont donné raison aux insurgés. Là comme ailleurs, ceux qui nous ont combattus sont bien aises de jouir des libertés qu’on leur