lement, Quéquienne alla jouer sur ce pontage peu solide.
Il s’amusait ferme lorsque les planches cédèrent et le firent choir dans l’eau boueuse d’où il sortit indemne mais outrageusement éclaboussé. Cela lui gâta son plaisir. Songez donc ! Un pantalon dont il avait annoncé l’avènement à l’un de ses oncles dès avant son départ de Contrecœur ! Assis sur les genoux de cet oncle, il lui avait raconté qu’il aurait des culottes de drap. — « Des culottes de chat ? » avait dit l’oncle. — Non, des culottes de drap. — Oui, oui, je comprends : Des culottes de chat ; » et Quéquienne avait fait une de ces colères comme on aimait à lui en faire ébaucher.
LE BONHOMME JACQUOT
Il se fâchait volontiers et, pour le corriger de ses impatiences, on l’avait surnommé « le bonhomme Jacquot, » ce qui était loin d’améliorer son caractère. Pourtant, le bonhomme Jacquot était d’humeur bien égale : il était toujours en fureur, ce qui le distinguait de Quéquienne, qui ne se fâchait pas lorsqu’on le laissait tranquille, Il y avait bien d’autres choses qui le distinguaient de Quéquienne. D’abord, il avait une femme aveugle qu’il rudoyait constamment, qu’il traitait de saké vieille borgnesse et à qui il reprochait de choisir tous les mauvais pas lorsqu’il lui donnait le bras pour aller mendier son pain.
Son genre d’élocution laissait à désirer. Il articulait, très mal, et les gens le payaient pour lui faire réciter ses prières en latin. Son Credo était un rocailleux assemblage de syllabes inédites ; son Confiteor était également pittoresque ; son Ave Maria était à peu près comme suit : « Gracia plaine mutécum mutatu murébus mufructus vingt troït cui Jesu. »