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Page:Tremblay - Pierre qui roule, 1923.djvu/40

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PIERRE QUI ROULE

Au jour de l’An, lorsque ses enfants lui demandaient sa bénédiction, il leur répondait : « Ze te la danne, ze te la danne, yâbe m’emport’ze te la danne ; mais si tu fais le mauvais, yâbe m’emport’ze te la lôte. » Enfin, ce n’était pas un type susceptible d’inspirer beaucoup d’admiration à Quéquienne.

COUTUMES RURALES D’AUTREFOIS

La récolte de blé, jadis si abondante dans la vallée du Saint-Laurent, avait été presque nulle, par suite des ravages de la mouche hessoise. On s’était avisé de restreindre la consommation de la farine de blé, devenue très rare et très chère. La culture du sarrasin et des pommes de terre avait pris plus d’extension. L’avoine était à bas prix, et les entreprenants fondateurs du village de L’Industrie (aujourd’hui, ville de Joliette) avaient établi un moulin pour moudre la farine d’avoine. Cette farine mêlée dans une certaine proportion à la farine de blé, faisait un pain excellent, dont la production était moins coûteuse que celle du pain de blé pur. Désireux d’économiser, Quénoche était allé à L’Industrie où il s’était procuré une charge de farine d’avoine. En revenant, il avait même apporté de Sorel un esturgeon si énorme que Quéquienne avait demandé si c’était une baleine.

La vie était alors moins chère à Sainte-Victoire qu’elle ne l’est maintenant à Ottawa. En hiver, des cultivateurs allaient camper sur les chenaux du lac Saint-Pierre où, après avoir creusé des trous dans la glace, ils faisaient la pêche au petit poisson blanc. Lorsqu’ils étaient amplement approvisionnés, ils allaient de maison en maison vendre le surplus de leur pêche qui leur rapportait bien 30 sous la poche d’un minot et demi.