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Page:Tremblay - Pierre qui roule, 1923.djvu/45

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PIERRE QUI ROULE

avait des circonstances atténuantes, mais elles ne valaient pas grande chose. Les voici : Quéquienne aurait bien lancé une pierre au lieu d’une motte ; mais il n’y avait pas de pierres dans les environs. En second lieu, l’intention de Quéquienne n’avait jamais été de briser une vitre : il avait voulu tout simplement abîmer un peu la figure de celle qui l’avait insulté.

Tout se sait à la campagne, et le curé fut bientôt mis au fait de ce qui s’était passé. Il appela Quéquienne et lui dit : — J’en apprends de belles sur ton compte. Il parait que tu fais de la boxe ? Ce poing n’est pas bien gros pour faire du pugilat. Tu te sers aussi des armes de jet, et tu livres bataille aux femmes ? Tu égratignes comme un chat et tu déchires les vêtements comme un chien ? Il te faudra changer de conduite, si tu veux devenir à la fois un homme brave et un brave homme.

Quéquienne fut judicieusement puni de ces divers méfaits. Il s’accoutuma graduellement à réprimer ses impatiences, tâche qui lui fut facilitée par la bonne volonté de ses camarades, lesquels, sans doute grâce à l’intervention du curé, de l’institutrice et des parents, cessèrent de le taquiner. À six ans, Quéquienne devenait enfant de chœur ; à dix ans, il faisait sa première communion ; à onze ans, il commençait à chanter à l’église avec son père et tenait la comptabilité d’un forgeron illettré. L’institutrice du village avait été remplacée par un instituteur qui, par pur désir de se rendre utile, s’était consacré à l’apostolat de l’enseignement.

M. Joseph Bernier, dont on retrouve le nom élogieusement cité dans un ancien numéro du « Journal de l’Instruction Publique, » avait autrefois fait la pêche à la baleine, étant originaire du Cap Saint-Ignace, c’est-à-dire d’une région qui avait fourni plus de marins que de coureurs de bois. La famille Qué-