samment intelligible, lors de son départ pour les États-Unis.
Cet excellent ami, en faisant ses adieux à Quéquienne, lui avait donné un livre de prières imprimé en anglais. Il lui avait fortement recommandé de ne pas oublier qu’il était Canadien. Quéquienne s’est toujours rappelé ce sage conseil et il se souvient encore avec reconnaissance des bons procédés de M. Alfred Mullins, qu’il n’a jamais revu et qui, devenu marin, a dû périr dans un naufrage.
La famille Quénoche s’était rendue à Saint-Denis quelques jours avant l’arrivée du bateau, afin d’avoir le temps de visiter des parents : à Saint-Denis, où Quéquienne avait encore sa bisaïeule, son aïeule et quelques oncles et tantes maternels, et à Contrecœur, où demeuraient son grand-père, sa grand-mère et ses oncles et tantes paternels. La saison sucrière battait son plein et, le douzième anniversaire de sa naissance, Quéquienne prenait ses ébats autour de la cabane à sucre située dans l’érablière de son grand-père, au brûlé de Contrecœur.
Il avait aidé à recueillir l’eau d’érable, mangé de la trempette, de l’omelette au sucre, de la tire, et lutté avec ses cousins afin de constater s’ils étaient plus forts que lui. Ils l’étaient. Quéquienne se consolait en disant qu’ils étaient plus grands et plus âgés que lui, tandis qu’eux prétendaient que les gens de Contrecœur valaient mieux que les gens de Sainte-Victoire. Grave problème resté insolutionné comme une foule d’autres.
Enfin le vapeur Chambly parti du village du même nom pour son premier voyage de l’année, s’arrêta à Saint-Denis. La famille Quénoche, accompagnée de deux tantes et d’un oncle maternels de Quéquienne, qui partaient aussi pour les États-Unis, s’embarqua sur ce pyroscaphe. Le balancier de la machine