de quinze ans portant, accroché à sa ceinture, un vase, qui peut avoir son utilité en certains cas, mais qu’on n’a pas l’habitude d’exhiber en public. Des protestations s’étaient fait entendre et l’on avait, assez difficilement, fait comprendre au futur Yankee que l’idée qu’il se faisait du sans-gêne américain était peut-être intuitive, mais que sa mise en pratique était incongrue, sinon déplacée.
Il y avait eu une fête militaire dans l’une des villes traversées par le train qui portait la famille Quénoche. Des miliciens, que Quéquienne prenait pour des soldats réguliers et qui faisaient plutôt partie de la garde nationale de l’État, étaient venus à la gare pour saluer le départ d’officiers haut-gradés, probablement en tournée d’inspection. Ceux-ci étaient de fort beaux hommes, portant un uniforme bleu-ciel tout chamarré d’or, avec casques dorés surmontés d’une longue queue blanche, épaulettes à torsades d’or et sabres à fourreaux dorés. Les miliciens, rangés en bataille sur le quai de la gare, portaient d’uniforme bleu à parements rouges.
Ce déploiement militaire avait charmé Quéquienne au point qu’il était plus que jamais décidé à se faire soldat. À ses yeux inexpérimentés, tout ce panache et toutes ces fanfreluches étaient autant de marques distinctives de la valeur de ces rudes guerriers qui, probablement, n’avaient jamais vu le feu, ni même fait le service militaire, sauf, peut-être les officiers, objets de cette ovation. Quéquienne n’en resta pas moins convaincu que, pour avoir le droit de porter beaucoup d’or sur des étoffes de couleur voyante, il fallait avoir tué beaucoup d’hommes en se livrant à la louable occupation qui consiste à démolir ses semblables.
Ayant quitté le convoi à Worcester, Massachusetts, la famille Quénoche se fit conduire à Bremen, près de