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Page:Tremblay - Pierre qui roule, 1923.djvu/61

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PIERRE QUI ROULE

Milbury, Une famille de Sainte-Victoire, établie là depuis quelque temps, attendait nos voyageurs. Le caractère hospitalier de nos compatriotes restait le même, ou s’accentuait davantage, de l’autre côté de la frontière. Ceux qui émigrent pour aller chercher du travail n’ont pas les moyens de s’installer à l’hôtel avec leurs familles. Les Canadiens émigrés se faisaient un plaisir de donner asile aux nouveaux arrivés, surtout s’il s’agissait d’anciennes connaissances, en attendant que la famille pût se placer quelque part.

LES MANUFACTURES

Dans la Nouvelle-Angleterre, les manufactures se multipliaient au point que des agents venaient embaucher des familles dans nos paroisses canadiennes, afin de suppléer au manque de main-d’œuvre. Les chutes d’eau étaient nombreuses dans ce pays accidenté. Les manufactures n’avaient pas les énormes dimensions qu’elles ont atteintes plus tard, mais il y en avait sur presque tous les cours d’eau utilisables.

On commençait à peine à se servir de la vapeur pour augmenter la force motrice. Un petit village surgissait autour de chaque barrage artificiel, le manufacturier construisant des maisons pour y loger ses ouvriers.

Quelques jours après son arrivée, Quénoche avait pu se placer avec sa famille au service de la petite manufacture de Fisherville, où l’on fabriquait de la toile à fromage. Quéquienne fit là ses premières armes. On l’avait armé d’un balai et d’une brosse et il faisait la guerre à cette mousse cotonneuse que les machines répandent, autour d’elles et qui détermine la rupture des brins lorsqu’on lui permet de s’accumuler. Il était en outre chargé d’entretenir les bobines