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PIERRE QUI ROULE

de cardage alimentant deux rouets mécaniques de la catégorie primitive des hand-mules.

La manufacture était de dimensions relativement restreintes. Le soubassement contenait la grande roue à aubes mue par les eaux du canal. Au rez-de-chaussée se trouvait de batteur-éplucheur, les cardes mécaniques et une série de calandres qui recevait le coton cardé et le transformait graduellement en cordons de plus en plus ténus jusqu’à ce qu’il fut enroulé sur les bobines servant à la filature. Le premier étage contenait les rouets fixes pour la filature de la chaîne, les machines à ourdir et la salle d’encollage. Au deuxième, fonctionnaient les métiers à tisser. Enfin, le troisième, qui se trouvait sous les combles, comprenait les deux paires de hand-mules qui, à elles seules filaient toute la trame requise par l’établissement.

À FISHERVILLE

L’église catholique la plus rapprochée de Fisherville était située à Grafton. Par une belle journée de dimanche, Quéquienne, accompagné de son père et de son frère aîné, avait parcouru à pied les dix ou douze milles de routes montagneuses qui les séparaient de cet endroit. Ils étaient arrivés un peu tard pour la messe et n’avaient rien compris au sermon prononcé en un anglais beaucoup plus littéraire que celui qu’ils entendaient à la manufacture. Il n’y avait pas, dans toute la région manufacturière, une seule paroisse exclusivement franco-canadienne. Les nôtres étaient tellement dispersés çà et là qu’on ne les voyait qu’en très petit nombre dans les églises catholiques construites par les Irlandais.

Quéquienne n’eut pas l’occasion de retourner à la messe à Grafton. Des réparations urgentes ayant né-