par toutes sortes de teintures, détritus et autres saletés peu potables, en dépit du champ d’épuration établi à Milbury.
À EAST DOUGLAS
East Douglas n’avait alors qu’une seule manufacture de coton ; mais on y comptait plusieurs manufactures de haches où des Canadiens, alléchés par de forts salaires, allaient ruiner leur santé. À cheval, en face d’une énorme meule, sur une pièce de bois qu’un mécanisme soulevait à des intervalles réguliers, ils aiguisaient des haches, des faulx, des sabres ou des machetes. Après trois ou quatre ans de ce travail, qui leur rapportait de quatre à cinq piastres par jour, ils avaient les poumons tellement encrassés par la limaille et la poussière des meules qu’ils retournaient au Canada pour y mourir de pneumonie.
D’autres Canadiens travaillaient à la confection des chaussures. Cette industrie commençait à peine à se servir des machines. Pour activer la production, l’on avait recours à la division du travail. Presque toutes les semelles étaient chevillées. Les chevilleurs travaillaient à la pièce et, à force de répéter toujours les mêmes mouvements, ils atteignaient une rapidité et une adresse phénoménales. La main gauche tenait le perçoir (pegging awl) que la main droite frappait, d’un coup de marteau. La bouche du chevilleur était constamment remplie de chevillettes de bois qu’il renouvelait. sans perdre de temps.
La main gauche retirait le perçoir, se portait vers la bouche, y prenait une cheville que la main droite enfonçait d’un seul coup de marteau.
Ces divers mouvements s’exécutaient avec une telle rapidité et une telle sûreté de main que le chevilleur expédiait chaque jour 40 paires de chaussures d’hom-