abolie dans le Rhode Island, les Canadiens échappèrent à l’humiliation de voir l’un des leurs monter sur le gibet, car l’un des condamnés, bien que né aux États-Unis et parlant à peine quelques mots de français, n’en était pas moins d’origine franco-canadienne. En somme, la famille Quénoche avait mille raisons de regretter son pays natal.
TRAVAUX D’INDUSTRIE TEXTILE
Une fois rétablis, les garçons reprirent le travail dans les manufactures, mais renoncèrent à la promiscuité du spinning room et travaillèrent dans le mule room où le sexe laid était seul admis. Ils redevinrent roping boys ou préposés au service des bobines en attendant leur promotion au rang de piecers, c’est-à-dire de rattacheurs des brins qui se rompaient en sortant des rouleaux. Le mot piecer, prononcé à l’anglaise, faisait un drôle d’effet dans la bouche des Canadiens qui l’introduisaient dans une phrase française, surtout lorsqu’ils transformaient le nom en verbe et affirmaient qu’un tel gagnait sa vie à piecer sur les mioûles.
Parfois nos gens eussent été fort embarrassés s’il leur eut fallu trouver l’équivalent français du mot anglais généralement usité. Beaucoup d’entre eux n’avaient jamais consulté un dictionnaire, et vous les eussiez bien étonnés en leur disant que ces choses-là pouvaient se dire en français. Parmi les Canadiennes chargées de conduire de quatre à huit métiers mécaniques, il y en avait pourtant un certain nombre qui, au Canada, avaient tissé au métier à pédales.
Une fois rendues aux États-Unis, ce n’étaient plus des tisserandes ; c’étaient des ouiveuses (weavers). La trame était devenue du filling ; la chaîne était du