risienne ; mais la coupe de sa houpelande n’avait rien de boulevardier. Il connaissait peut-être les règles de la versification ; mais il les violait avec une désinvolture qui, de nos jours, lui eut assuré l’admiration de nos critiques décadents.
Je ne puis résister au désir de citer quelques extraits des chansons qu’il avait vendues à Quéquienne. L’une d’elles faisait, en quinze ou vingt couplets, un éloge bien senti de la ville de Montréal. En voici le refrain :
« Montréal est un charmant séjour,
Je chante son aspect où réside l’amour.
Venez donc, curieux d’alentour,
Pour voir cette cité que je chante en ce jour. »
Et voici trois couplets de la même chanson :
« Si je jette ma vue sur cette onde bouillante,
Je vois, dans le lointain, ce formidable pont.
De pareils travaux, c’est chose surprenante,
Il n’est pas dans le monde un pont qui soit si long.
Montréal est un charmant séjour, etc.
« Et des chemins ferrés sont dans les grandes rues,
De deux lieues de chemin, on mène pour six sous,
Et là, dans ces convois, des dames inconnues
Sont là, nonchalamment, qui vont au rendez-vous.
Montréal est un charmant séjour, etc.
« Je sens en ce moment s’allumer ma colère
En voyant la noirceur du sexe féminin.
Que diriez-vous, messieurs d’une marâtre mère
Qui d’un hôtel envoie son fils à l’orphelin ?
Montréal est un charmant séjour, etc.