Aller au contenu

Page:Trent - Litterature americaine.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

92 LA PÉRIODE COLONIALE (1607-17C4)

dance — instruire la génération grandissante de façon à procurer le plus grand bonheur pour le plus grand nombre. Le point de vue du chroniqueur de Plvmouth n’est pas celui de l’utilitarienne de Philadelphie, mais tous deux sont plus voisins l’un de l’autre que Milton et le Dr. Johnson — car Bradford et Franklin furent avant tout des citoyens, et leurs écrits, tout autant que ceux de leurs contemporains respectifs, étaient empreints de la « note citoyenne ». La littérature d’imagination, inspirée par le seul amour d’écrire n’existe pour ainsi dire pas durant la Période Coloniale. La littérature d’imitation, tant au point de vue des idées que du style, se montre partout. Les livres de cette époque n’en sont pas moins représentatifs de l’état d’âme de leurs auteurs, et ils n’en formèrent pas moins l’esprit des générations qui les lurent, contribuant ainsi h poser les bases de la nation qui devait surgir bientôt.

Quelque chose de cette nation future aurait pu être deviné par un contemporain de Franklin, s’il eût été capable d’apprécier tout le génie et le caractère représentatif de ce produit des conditions coloniales. La France n’a pas eu de plus « typique philosophe » que lui. Chesterfield lui-même ne fut pas un homme plus accompli pour le monde ; Howard, un plus parfait philanthrope. Priestley ne prit pas à la science un intérêt plus approfondi, et Goldsmith même, bien qu’avec plus de charme, n’écrivit pas plus facilement. Burke fut un meilleur philosophe politique ; Hume et Adam Smith furent de meilleurs économistes, mais Franklin aurait pu les dépasser tous trois dans l’art délicat de mettre les théories en pratique. Comme causeur, il va de pair avec Johnson et Morne Tooke ; et comme diplomate, Talleyrand ne l’eût pas dédaigné. Il possédait l’esprit civique