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Page:Trent - Litterature americaine.djvu/108

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100 LA PÉRIODE REVOLUTIONNAIRE (1765-1788)

lution, dont les spécimens d’éloquence ont été réunis dans quelques recueils d’ailleurs ignorés, il est à peine besoin d’en parler . Quelques-uns apportèrent plus d’ardeur h dénoncer George III ou leurs voisins tories, que ne le requérait la charité ; et les Tories ne ripostaient pas avec plus d’urbanité. Comme il fallait s’y attendre, les fidèles firent, à l’église, d’agréables incursions dans l’histoire Juive. La séparation des Tribus, la malédiction de Meroz, et, pour les loyalistes au moins, la vie d’Absalon et d’Achitophel furent des thèmes à érudition et à éloquence où durent se délecter les fermiers et les boutiquiers ébahis qui écoutaient ces sermons.

On croyait à la complète dépravation du peuple britannique ; aussi est-il facile de s’expliquer l’âpreté de la résistance que rencontra, dans la pieuse Amérique, toute parole en laveur du système épiscopal dans lequel de tels vices florissaient. Le premier évêque consacré en Amérique, Samuel Seabury, avait montré, bien avant d’émerveiller le bon peuple du Connecticut par ses robes épiscopales, quelle corrélation il y a entre les anglicans et le conservatisme politique. Seabury, titulaire de Saint-Peter, à Westchester, New York, ému par le projet de loi sur la non-importation et la non-exportation proposé par le premier Congrès, fit paraître coup sur coup quatre pamphlets d’une violence remarquable, qu’en dépit de leur signature a Un cultivateur de Westchester », et de leur allure toute simple, rurale même, on ne manqua pas d’attribuer non à quelque fermier économiste, mais bien au recteur. Le vaillant clergyman annonçait qu’il possédait une bonne trique de noyer blanc à l’adresse de « tout monsieur du comité pragmatique » qui continuerait « à se donner des airs ». Naturellement, bon nombre de champions de la cause patriotique lui répon-