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Page:Trent - Litterature americaine.djvu/202

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194 LA PÉRIODE LOCALE (1830-1865)

doxie puritaine perdit de son ardeur et que la société tendit visiblement à se séculariser. La seconde génération du XVIII* siècle fut témoin du Grand Réveil ; elle vit aussi en Jonathan Edwards le plus philosophique des commentateurs du Calvinisme. Mais ni lui, ni Yhitefield, ni aucun des émouvants prédicateurs de cette époque n’aurait pu ramener l’acre d’or de la théocratie et faire de la religion le centre et la circonférence de la vie de tout être pensant. Dès 1744, le Réveil avait perdu de sa force, à la grande joie de controversistes comme l’infatigable Charles Channcy ; et Edwards, vers la fin de sa vie, eut à se préoccuper non plus d’exhorter les âmes mais de tâcher d’enrayer les progrès des Arminiens. Dans les années qui suivirent sa mort, la rupture se fit avec la mère-patrie et les questions politiques ne tardèrent pas à dominer tous les esprits. Mais si même les prédicateurs, d’un bout à l’autre du pays, semblent s’être transformés en politiciens, les controverses théologiques ne cessèrent point et l’agitation publique n’eut pas raison des zélés Baptistes, des Méthodistes et des Quakers, surtout dans les Etats du Centre et du Sud, pas plus qu’elle n’empêcha la Nouvelle-Angleterre de se vouer assidûment aux spéculations théologiques. Jonathan Mayhew, prédicateur patriote, avait, avant la mort d’Edwards, hardiment exprimé des opinions sur la nature du Christ qui n’étaient rien de moins que ce que l’on appelle le Haut Arianisme, s’enrôlant ainsi, comme pionnier, dans le long cortèore des théologiens libéraux de la Nouvelle-Angleterre, dont le plus grand peut-être fut Théodore Parker. Le père de Mayhew et deux ou trois autres ecclésiastiques avaient déjà, par leurs publications, éveillé les soupçons et le courroux de leurs Irères orthodoxes, dont quelques-uns avaient répondu par de véliéments pam-