Aller au contenu

Page:Trent - Litterature americaine.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

I.E TRAXSCF.NDAXTALISME. SES 1XTEHPRETES 219

ranger tous deux pariiil les moralistes, les grands pro- i moteurs de réthiquc. ’

Si nous refusons à l’auteur des essais sur « Jhe Over-Soul » et de « Circles » le titre de philosophe, ne pourrons-nous lui accorder franchement celui de poète ? Là encore l’émersonien outrancier est prêt à répondre par l’aHirmative. Pour certains lecteurs instruits et indépendants, les poèmes d’Emerson ont toutes les qualités requises de grandeur, s’ils ne sont pas au premier rang parmi les œuvres de leurs concitoyens. D’autres, tout aussi instruits, assurent que ces poèmes ne sont que les versions poétiques des essais en prose d’Emerson, et déclarent que, à quelques rares exceptions près, l’écrivain manque de passion, de sentiment, de simplicité ; qu’il est gêné par la forme même qu’il emploie, et par les entraves qui surexcitent, au contraire, le génie d un vrai poète. On ne saurait nier que des poèmes comme « The Daeraonic Love » auraient tout aussi bien pu être traités sous une autre forme, que la vraie chaleur poétique est presque entièrement absente des vers d’Emerson et que la répétition incessante d’octosyllabes souvent faux a tôt fait de devenir fastidieuse. Parfois obscur jusqu’à l’irritation, parfois péniblement profond ou se complaisant dans la diflïision, il est rarement capable de se maintenir à un niveau élevé d’inspiration et d’expression.

Que dire de la prose d’Emerson ? Matthew Arnold avait-il raison lorsque, en critique expert jugeant posénjent l’auteur favori de ses jeunes années, il niait que les Essays, les conférences et les English Traits réussissent à former un ensemble d’un mérite suffisant pour placer Emerson au rang des grands hommes de lettres ? Il semble que le temps soit venu pour les compatriotes