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294 LA PÉniODE LOCALE (1830-1865)

Mais Lowell fit plus encore ; il ajouta à la collection de satires anglaises sur les poètes et leur poésie une satire qui n’est guère inférieure à aucune d’entre elles, mais d’un humour qui les dépasse toutes. A parler sincèrement, si la forme métrique, les traits, et jusqu’à un certain point la construction de A Fable for Critics, ne sont pas œuvre purement originale, Lowell a du moins créé un nouveau genre poétique, sorte de combinaison de panégyrique, de satire et de jeu d’esprit des plus étudiés. L’art du satirique n’est pas nouveau qui consiste à couvrir d’éloges choses et gens qu’il aime à seule fin de mieux flétrir ceux qu’il désapprouve, mais il semblerait que Lowell ait eu des intentions plus hautes. Une bonne moitié de son trop long poème n’est qu’un tribut respectueux, bien qu’humoristique, à ses amis, plutôt qu’une satire des rimailleurs recrutés par « Tityrus Griswold m. Comme toutes les satires, bien qu’à un degré moindre,

— car Lowell eut la prudence de ne pas nommer la plupart des versificateurs qu’il tourne en ridicule, — bien des pages de ce poème, après deux générations, ont perdu tout le sel qu’elles avaient pour les contemporains de l’auteur.

Les agréables qualités aussi bien que les sérieux mérites des Bii^low Papers et la valeur moindre de la Fable for Critics ne nous feront pas oublier que l’année 1848 fut pour Lowell une date importante ; il écrivit, pour paraître à la fin de cette même année, l’une des plus populaires de ses compositions plus strictement poétiques, Tlie Vision of’Sir Lannfal. La morale que préconise cette incursion à la Tennyson dans le domaine du Roi Arthur est assez significative et démocratique pour qu’on s’explique sa popularité ; mais certains critiques ont peut-être eu raison de prétendre que le lecteur