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Page:Trent - Litterature americaine.djvu/345

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POKTKS ET ROMAXCIEnS 3S7

rituels, de la tlémocratie américaine. En voulant mettre le doigt sur telle ou telle laute du poète et de son œuvre, vous découvrez aussitôt un poème ou un passage cpii vous lorcc il modifier ulre opinion. Bref, Whitman ne paraît pas seulement meilleur et plus vrai poète que ne veulent bien l’admettre ses censeurs, mais il semble même un trop grand poète pour qu’on le puisse bien comprendre à présent. Il peut être pour certains de ses critiques la souris que l’on voit dans le télescope. Mais que peut-on allirmer, sinon qu’il n’y a qu’un seul instrument d’optique pour apprécier la valeur et l’importance des étoiles du firmament littéraire, et que cet instrument c’est... le Temps ?

Cependant si Vhitman, qu’il soit vraiment grand ou seulement chaotique, semble encore défier toute analyse, il ne peut être mauvais de tenter de définir quelques-uns des mérites ou des défauts de son œuvre que l’on peut du moins apprécier nettement. Il se tourmenta fort peu de la critique acailémique, et ses disciples s’en inquiètent moins encore. Pourtant nul écrivain n’échappe à la classification et il l’analyse et, d’ailleurs, l’auteur d’un vrai mérite n’a pas lieu d’en craindre les résultats.

En ce qui concerne l’évangile ou la philosophie de Vhitman, il y a peu à ajouter. Ses disciples les plus dévoués reconnaissent que, dans sa poésie, le côté émotif l’emporte sur le côté représentatif, et qu’on trouverait difficilement dans ses œuvres une méthode ordonnée de pensée. Son débit est plus orphique qu’olvmpien. Il défie l’admiration plutôt qu’il ne la sollicite. Il peut Ijrovoquer des « émotions cosmiques », s’adresser aux sentiments universels ; il n’est pas, comme les grands poètes, le miroir de son époque. Quoi qu’il en soit, c’est un penseur profond ; il sut à un point remarquable

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