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Page:Trent - Litterature americaine.djvu/362

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354 LA PÉRIODE LOCALE (1830-1865)

de reconnaître qu’avant 1830 l’humour vraiment américain exista peu, et qu’après cette date il existe, au contraire, un humour que les Américains ont quelque droit à revendiquer comme leur bien propre.

Pendant l’intervalle qui s’écoule entre l’élection de Jackson et la mort de Lincoln, l’Amérique, tant par suite de son propre développement que par l’effet des sévères critiques de l’étranger, se dépouilla de son esprit colonial et provincial, — autrement dit, perfectionna ses idées générales. Mais, en même temps qu’elle dépassait les limites de ses anciens Etats, dans l’Ouest et le Sud-Ouest, elle y apportait une civilisation rudiraentaire qui garda maints traits provinciaux contre lesquels la satire des humoristes eut beau jeu. Dans les Etats plus âgés, le développement n’était pas non plus uniforme, en sorte que les écrivains avancés trouvèrent autour d’eux de quoi exercer leur humour. Ce rôle plus ou moins redresseur que s’arroge l’humour s’affirma d’autant mieux que, dans toutes les démocraties, il existe une tendance générale à l’égalisation. Il n’est piobablement pas exagéré de dire que les humoristes américains ont exercé une puissante influence pour favoriser l’homogénéité croissante des masses de la population. Ce rôle leur fut spécialement imposé après l’élection de Jackson par suite du grand afflux d’immigration étrangère. En outre, aucune période, au moins en politique, ne put jamais offrir aux humoristes une telle somme de ces discordances sur lesquelles leur faculté s’exerce de préférence. Les discordances entre les prétentions de la nouvelle démocratie à régir le sort du pays et ses aptitudes à le faire sagement, entre les théories de la Déclaration d’Indépendance et les actes d’esclavage, étaient de nature h faire naître la satire politique, et celle-ci, h