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quelques Provinces, pour écouter. Pontus de Tyard, pag. 18 de son livre De recta nominum impositione, a reconnu qu’acouter étoit l’expression alors vulgaire en Bourgogne, où il écrivoit en 1603, à Châlons-sur-Saône :Ecoutez, dit-il, vulgò, acoutez. Ce mot avoit aussi cours ailleurs. Il est dans Nicot, mort à Paris l’an 1600, & dans Monet, qui fit imprimer à Lyon ses Dictionnaires plus de trente ans après. Acouter fait mieux sentir l’origine tirée du Latin auscultare, qu’écouter. Glossaire Bourguignon. Voyez écouter dans l’étymologique de M. Ménage, d’où il paroit que M. de la Monnoye a pris le commencement de sa remarque. Au reste, le verbe acouter n’est pas moins en usage en Champagne qu’en Bourgogne : mais ce n’est que parmi la populace. Tous les honnêtes gens disent écouter.

ACOUTI. s. m. Petit animal des îles de l’Amérique. Son poil est roux, & assez rude. Les habitans dressent des chiens pour chasser ces animaux, qui se retirent dans le creux des arbres. On les apprivoise, & on les accoutume à marcher sur les pattes de derrière, & à manger avec celles de devant à la manière des singes. Il a le corps, l’agilité, & les dents d’un lièvre ; mais il a la tête approchante de celle d’un rat, & les oreilles courtes & arrondies. Les jambes de derrière n’ont point de poil, & ont six ongles, celles de devant n’en ont que quatre. La femelle porte deux ou trois fois l’année. Quand elle est près de mettre bas, elle fait un petit lit d’herbe, ou de mousse, sous un buisson, & y fait les Petits, qui ne sont jamais plus de deux. Là elle les alaite deux ou trois jours, puis elle les transporte, comme les chattes font leurs petits, dans des creux d’arbres, où elles les nourrit, jusqu’à ce qu’ils soient en état de se pourvoir d’eux-mêmes. Le Père du Tertre écrit Acouty ; M. de Poinci Agouty.

ACQ.

ACQS. Aquæ Augustæ, Aquæ Tarbellicæ, Tasta, Tarbellio, Vibio, ville épiscopale de Gascogne. Voyez Dax. C’est ainsi qu’on l’appelle communément.

AQUA CHE FAVELLA. C’est-à-dire, l’eau qui parle. Nom d’une Fontaine de la Calabre citérieure, au royaume de Naples. Thuria. Cette Fontaine est près de l’embouchure du Crate & des ruines qu’on appelle Sibari ruinata, c’est-à-dire, les ruines de l’ancienne Sybaris, cette ville voluptueuse, & renommée surtout pour l’appareil de ses festins, & qui fut détruite par les Croroniates. Le nom de cette Fontaine vient peut-être de ce que l’on crut que ce fut de cette fontaine que sortit l’Oracle, qui prédit la destruction des Sybarites, & qu’Etienne de Bysance a rapporté.

☞ ACQUA-PENDENTE. Ville de l’Etat Ecclésiastique, en Italie. Aquæ Tarinæ. Elle est dans l’Orviétan, sur la riviève de Paglia, à l’occident d’Orviète. La multitude des eaux qui descendent de son territoire lui a fait donner ce nom.

☞ ACQUARIA. Ville du duché de Modène, en Italie. Aquarium. Elle est à quelques lieues au midi de Modène, & est célèbre par les eaux minérales.

☞ ACQUA SPARTA. Ville de l’Ombrie, province de l’Etat Ecclésiastique, Aqua Sparta. elle est à une lieue ou deux au nord d’Amelia.

☞ ACQUA VIVA. Ville autrefois, maintenant village du royaume de Naples. Aqua Viva. Il est dans le comté de Molise, aux confins de l’Abruzze & de la terre de Labour.

ACQUERAUX. s. m. pl. Instrumens dont on se servoit autrefois pour jeter des pierres.

ACQUÉREUR. s. m. Emptor, partor. Il ne se dit que de celui qui acquiert des biens immeubles. C’est celui qui a acheté, échangé, prescrit ou reçu en payement un immeuble, ou bien à qui quelque chose est échu à quelque titre que ce soit, comme de donation, de legs, ou autrement. C’est celui qui a acquis une chose par un titre translatif de propriété. L’acquéreur évincé a recours contre son vendeur pour la restitution du prix de la chose. Quand l’acquéreur


paye de ses deniers les créanciers de son vendeur, il n’est pas nécessaire de stipuler la subrogation, elle se fait de plein droit. L’acquéreur ne peut ôter les armes de l’Eglise dont le vendeur est fondateur. Un acquéreur de bonne foi (celui qui a acquis quelque chose de celui qui n’en étoit pas le propriétaire, mais qu’il croyoit tel) prescrit par la possession de 10 ans entre présens, & de 20 ans entre absens. L’acquéreur de mauvaise foi ne peut prescrire que par trente ans. On appelle ainsi celui qui a acquis de quelqu’un qu’il savoit n’être pas propriétaire. On dit au Palais, un tiers acquéreur, en parlant de celui qui a acquis un héritage hypothéqué à des créanciers privilégiés, ou qui prétendent avoir droit de le déposséder, quoiqu’il ne soit pas leur débiteur personnel.

ACQUÉRIR, v. act. Se procurer un titre qui donne droit de jouir d’une chose, ou en propriété, ou en usufruit. Acquirere, consequi, comparare. On conjugue, j’acquiers, tu acquiers, il acquiert, nous acquérons, vous acquérez, ils acquièrent ; j’acquérois ; j’acquis, j’ai acquis ; au futur, j’acquerrai, tu acquerras, il acquerra : au subjonctif, qu’il acquière, j’acquerrois, que j’acquisse. Corn. Le moyen d’acquérir le plus commun, & le plus naturel, c’est la cession, & le transport de la chose, par la personne à qui elle appartient. Il y a dans le Droit plusieurs titres qui expliquent les divers moyens légitimes d’acquérir. On compte la guerre au nombre des moyens légitimes d’acquérir selon le Droit des Gens. On acquiert aussi par la prescription ; c’est-à-dire, par la possession juste, & continuée pendant un certain temps défini par la Loi. Les avares ne sont jamais las d’acquérir pour ceux qui souhaitent leur mort. Gomber. Quelquefois une pieuse avarice se fait des prétextes d’acquérir, pour être plus en état de faire de saintes largesses. {{sc|P. Gail.]]

Dès lors à la richesse il fallut renoncer.
Ne pouvant l’acquérir, j’appris à m’en passer. Boil.

La première partie de la Pratique de Rebuffe traite des moyens d’acquérir les Bénéfices.

Il se met quelquefois absolument. Cet homme amasse de grands biens ; il acquiert tous les jours.

Acquerir, se dit aussi en choses morales, & de tout ce qui se peut mettre au nombre des biens, des avantages. Il vaut mieux acquérir le ciel que des richesses. La gloire ou la science ne s’acquiert qu’avec bien des peines. On s’acquiert difficilement des amis, & on les perd facilement. Une habitude ne s’acquiert que par une longue expérience. Nous n’acquérons jamais la sagesse ; nous n’acquérons que l’art de la feindre. Vill. La vertu qui n’est point soutenue par la gravité, n’acquiert point d’autorité parmi les hommes. S. Evr. L’amour propre s’applaudit, de se soumettre les autres par des graces, & d’acquérir par-là quelque droit sur leur zèle, & sur leur amitié. Ablanc. La gloire des grands hommes se doit mesurer aux moyens dont ils se sont servis pour l’acquérir. Rochef. Acquérir la réputation d’être équitable. César s’étoit acquis tout le Peuple Romain par ses libéralités. On dit aussi acquérir une fluxion. Le P. Bouh, soutient pourtant que ce terme ne doit point être employé dans un sens désavantageux. Il y a différens moyens d’acquérir. Les uns sont de Droit naturel, qu’on appelle Droit des Gens, comme sont l’occupation, la cession, la perception des fruits, & la tradition : les autres sont de Droit Civil, comme la donation, la prescription, le legs, le fidéïcommis, les successions testamentaires & légitimes. Voyez les Institutes de Justinien, & Théophile.

On dit proverbialement : qui bien acquiert, longuement possede ; pour dire qu’il faut acquérir légitimement. On dit proverbialement, tout chemin d’acquérir se ferme à la vieillesse. Regn. Un troisième héritier ne jouït point des biens mal acquis. On dit aussi par compliment, Je vous suis tout acquis ; c’est-à-dire, je vous rendrai service en toutes occasions.

Acquis, ise, part. & adj. Partus, comparatus. Ce sage Ministre avoit une prudence acquise par l’expérience, & par la méditation. Balz.

☞ Au Palais on dit, preuve acquise.

Acquis, est aussi substantif. Voyez plus bas.

ACQUET. s. m. Terme de Palais. Bien immeuble qu’on ne tient point par succession, qu’on a acquis, ou par achat ou par donation & généralement, autrement que par succession. Res parta, acquisita. Le Droit Civil ne fait point de distinction entre les propres & les acquêts. Il appelle à succéder le plus proche héritier indistinctement à tous les biens ; mais les Coutumes distinguent les biens en propres, & en acquêts. Dans la Coutume de Paris


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