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ADR — ADR


Paris, &c. Quelquefois ces Lettres sont adressées à plusieurs Cours souveraines, comme la Déclaration de la Capitation du mois de Mars 1721. Si donnons en mandement à nos amés & féaux Conseillers, les gens tenans notre Cour de Parlement, Chambre des Comptes, Cour des Aydes, qu’ils aient, &c.

Adresse, en termes de Chancellerie du Palais, est celle qui se fait des Lettres Royaux, ou Lettres de cette Chancellerie, aux Juges Royaux. Quand elles sont données pour affaires pendantes pardevant des Juges des Seigneurs, l’adresse s’en fait aux Huissiers Royaux. La clause qui se met à la fin de ces Lettres, concernant leurs exécutions, commence à ces mots : Mandons à tel Juge, &c.

On appelle Bureau d’adresse, un Bureau établi à Paris par Théophraste Renaudot fameux Médecin, où on trouve les avis de plusieurs choses dont on a besoin. C’est aussi le bureau où se fait la Gazette, d’où vient qu’on appelle figurément un bureau d’adresse, les maisons où on débite beaucoup de nouvelles. Le bureau d’adresse de Paris a été long-temps interrompu, & son peu de succès avoit découragé ceux qui s’en étoient mêlés. On vient de le rétablir en 1702. & la manière dont on y a établi le bon ordre pour la commodité du public, l’a fait réussir.

ADRESSER. v. n. Tirer, aller droit au but. Toucher droit où l’on vise. Adresser au but. Ferire signum. Ce tireur a bien adressé ; dès le premier coup il a emporté le prix.

Adresser, v. a. Envoyer quelque chose directement en quelque lieu, ou à quelque personne qui est marquée & désignée par quelque inscription. Mittere. Les Commis de la Poste portent les lettres où on les adresse. Vous m’avez adressé un homme dont je suis embarrassé. Cette lettre s’adresse à vous. On dit, adresser ses pas ; pour dire, tourner ses pas vers quelque endroit. Iter dirigere.adressez-vous vos pas ?

Adresser avec le pronom personnel. Conj. Je m’adresse, je m’adressai, je me suis adressé. Il signifie, se présenter directement à quelqu’un, avoir recours à lui, lui demander une grâce, réclamer sa protection, son secours. Consugere. Il faut s’adresser directement à Dieu. Le Roi veut qu’on s’adresse à lui pour obtenir des grâces. Il faut s’adresser au Parlement pour faire entériner une rémission. Je m’adresse à vous pour me tirer du mauvais pas où je suis engagé.

On dit proverbialement, il faut s’adresser à Dieu plutôt qu’à ses Saints ; pour dire, qu’il vaut mieux s’adresser directement au maître pour obtenir quelque grâce, que d’employer pour cela la faveur de ses créatures, ou de ses domestiques.

s’Adresser. Attaquer quelqu’un, soit par raillerie, soit par malignité. Oppugnare, insectari, petere, lacessere. Prudemment on ne doit point s’adresser aux personnes puissantes, de peur de succomber sous leur crédit. S. Evr. Vous êtes bien téméraire de vous adresser à moi. Ce reproche ne s’adresse qu’aux lâches.

On dit, à qui vous adressez-vous ? Vous vous trompez. Vous vous êtes mal adressé ; pour dire, à qui vous jouez-vous ? Vous n’y trouverez pas votre compte. Je sçais bien à qui je m’adresse.

On dit encore, Adresser la parole, le discours à quelqu’un ; pour dire, lui parler directement. Compellare, alloqui. C’est à vous, Scipion l’Africain, que j’adresse maintenant la parole ; vous dont le nom donne encore tant d’éclat & de gloire à cette Ville, quoique vous ne soyez plus au monde.

Celui qui sans discernement
Adresse à tous venans les louanges qu’il donne,
Fait grand tort à son jugement,
Et ne fait honneur à personne. Pavill.

Adressé, ée, part. & adj. Missus, inscriptus.

ADRIA. Nom propre d’une ville des Vénitiens en Italie. Hadria. Elle est dans le Polésin de Rovigo, sur


une petite île formée par le fleuve Tartaro. La mer l’a presque détruite, & son Evêque réside à Rovigo. Cette ville donna son nom au golfe ou mer sur laquelle elle est située ; mais le fleuve Adria, selon Strabon. Voyez encore ADRIATIQUE. Le vin d’Adria, vinum Adrianum, étoit renommé. Il y a aussi dans l’Abruzze une Ville de ce nom.

☞ Ce mot doit-il s’écrire avec une H, ou simplement par un A ? En François, comme en Italien, l’usage est de l’écrire sans aspiration, ou sans H. Adria, Adriatique. Mais en Latin je voudrois l’écrire avec une H, Hadria. La famille de l’Empereur Hadrien tiroit ce surnom de la ville d’Hadria, dont elle étoit originaire. Cet Empereur le disoit lui-même dans sa Vie, qu’il avoit écrite. Or sur toutes les médailles d’Hadrien, son nom est écrit par une H. Hadrianus. La ville d’Adria est une Colonie des Toscans. Ptolémée prétend que c’est une colonie des Romains.

ADRIANE. Adrianopolis. Ville de la province de Cyrène en Afrique. Ce nom vient de celui de l’Empereur Adrien, qui, comme le témoigne Spartien, au lieu de monumens publics, aimoit à donner son nom à des villes. Comme les médailles écrivent toujours HADRIANUS par un H, il faudroit aussi en François écrire Hadrien, & Adriane ; mais l’usage contraire a prévalu.

ADRIANÉES, ADRIANISTE, &c. Plusieurs écrivent ces mots avec une H, parce qu’Adrien s’écrit avec une H, comme on le voit sur les médailles. Voyez HADRIANÉE.

ADRIANISTE. s. m. & f. Nom de Sectaires. Il y en a de deux sortes qui ont porté ce nom. Les premiers Adrianistes étoient une branche des Sectateurs de Simon le Magicien. Théodoret seul nous en a conservé le nom & la mémoire, sans nous en apprendre l’origine. Il est vraisemblable que cette Secte, & les six autres qui sortirent des Simoniens, prirent leur nom des Disciples de Simon qui se mirent à leur tête ; leurs noms semblent marquer cela ; Dosithéens, Cléobaniens, Géorthéniens, Masbothéens, Adrianistes, Eutychistes, & Canistes.

Les autres Adrianistes sont les Sectateurs d’Adrien Hamstedius Anabaptiste du XVIe. Siècle, qui enseigna aussi des erreurs particulières sur Jesus-Christ.

☞ ADRIANOPOLI. Ville de Thrace auprès de l’Hébre. C’étoit le siége de l’Empire des Turcs, avant la prise de Constantinople. Adrianopolis. Ils l’appellent maintenant Endren.

ADRIATIQUE. La mer Adriatique. Adria, Adriaticum mare. C’est le Golfe de Venise, appelé quelquefois par les Latins, Mare superum ; & qui, selon Strabon, L. 7. prit le nom d’Adriatique, du fleuve Adria. On trouve encore deux autres mers appelées Adriatiques dans des siècles plus reculés : 1º. S. Jérôme dans la vie de S. Hilarion, c. 30. appelle mer Adriatique, celle qui est entre la Palestine & la Sicile. 2º. Les Auteurs de la vie de Saint Willibalde dans Surius, Jun. VII. & dans Canisius, Var. Lect. T. IV. appellent la mer Phénicienne, mer Adriatique. Apparemment c’est le nom que les Phéniciens donnoient à la Méditerranée, l’appelant grande mer, ים אדיר, ou peut-être יםאדירה, Jam adir, ou Jam adira, d’où en Latin l’on aura fait Adria, & Adriaticum mare. Les Hébreux l’appeloient aussi ים הגרול, la grande Mer.

☞ ADROBE, ou ATROBE. Nom propre d’une rivière de la Tartarie Moscovite. Adroba, Atropa. Elle commence près de la petite ville de Simberska ; & après avoir reçu les eaux du Sook, elle change de nom, & prend celui d’Usa, puis se décharge dans le Volga, du côté de l’orient, entre Bolgar & Samara.

ADROGATION. s. f. Terme de Jurisprudence. C’étoit une sorte d’adoption qui n’étoit différente de l’adoption proprement dite, qu’en ce qu’il falloit que le sujet qui consentoit à être adopté par l’adrogation, fût libre, affranchi de la puissance paternelle, soit par la mort de son pere naturel, soit par l’émancipation ; & parce qu’elle se faisoit dans l’Assemblée du Peuple, pendant que la République subsistoit, & depuis, par un rescrit des Empereurs. Hors ces différences, qui ne regardent que la forme, c’est dans le fond la même chose que l’adoption. Adrogatio, arrogatio. Ce mot se disoit aussi chez les Romains d’une personne Praticienne, qui se faisoit aggréger dans l’ordre des Plébéiens, pour parvenir au Tribunat, & pour gagner l’affection du peuple.

ADROIT, oite. adj. Industrieux, qui a une grande dexté-


P iij rité