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AFF AFF

Affaire, se dit aussi des querelles, des combats, des différends, des brouilleries d’amitié. Rixa, jurgium, contentio. Ne vous faites point d’affaires avec cet homme-là, il a la mine de vous mal-mener. Scar. L’inquiétude des esprits vifs suscite par-tout des affaires. P. Gail. Il y a une grande affaire à la Cour, un tel & un tel se sont querellés. Cette plaisanterie lui a fait une affaire avec un de ses bons amis. Cet homme s’attire toujours quelque affaire ; pour dire, il se fait toujours quelque querelle. C’est une affaire d’honneur, de pique. Il s’est démêlé avec esprit de l’affaire qu’on lui avoit faite. On fait honneur à l’affaire de Bleneau de l’appeller un combat, ce ne fut qu’une déroute. Bussi.

Affaire, se dit aussi des divertissemens. Oblectamenta voluptatis. Cet homme a tous les jours quelque affaire de plaisir ; pour dire, quelque partie pour se divertir.

On appelle Gens d’affaires, les Financiers, les Traitans & Partisans qui prennent les Fermes du Roi, ou le soin du recouvrement des impositions qu’il fait sur les Peuples. Publicani, vectigalium redemptores. La Chambre de Justice est établie pour la recherche des malversations des Gens d’affaires : toutes leurs contraintes portent cette clause, comme pour les propres deniers & affaires de Sa Majesté.

On dit qu’un homme a affaire à une femme ou une femme à un homme ; pour dire qu’ils ont ensemble un commerce criminel ; de même qu’en Latin Res. Rem habere cum muliere.

Affaire amoureuse. Mots plaisans, pour signifier le service galant qu’on rend aux Dames qui ne refusent rien. Trente-six yvrognes comme vous, ne valent pas en l’amoureuse affaire un buveur d’eau. Voit. Et même sans le mot d’amoureuse, celui d’affaire tout seul signifie la même chose. Mais à propos comment va cette affaire ? Voit.

Affaires, signifie quelquefois, Dettes, embarras. Debitum, aes alienum. C’est un homme qui a beaucoup d’affaires, de dettes. Ce Marchand met ordre à ses affaires, a payé ses dettes.

On dit, aller à ses affaires, faire ses affaires ; pour dire, aller à la garderobe. Latrinam petere. Il est tout constipé, il ne sauroit faire ses affaires.

On appelle à la Cour un Brevet d’affaires, le Brevet qui donne permission d’entrer dans la chambre du Roi quand les autres se sont retirés, & dès qu’il est sur sa chaise d’affaires. Depuis n’a guères, j’ai vû le Roi dans ses affaires. Voit.

Affaire, se dit aussi des choses qui nous conviennent. Il cherche un bon cheval, j’ai son affaire. Conveniens. Ce valet est son affaire. Ce mot est du style bas & familier en ce sens.

Si feu mon pauvre père Etoit encor vivant, c’étoit bien votre affaire. Racine.

Affaire, signifie aussi, Marché, traité, convention. Pactum conventio. J’ai fait affaire avec un tel de sa maison, de sa charge. Je vous donne ma parole, c’est une affaire faite. Parlons d’affaire ; c’est-à-dire, concluons.

En tèrmes de Fauconnerie, on dit qu’un oiseau est de bonne affaire, qu’on l’a rendu de bonne affaire, quand on l’a bien affairé, bien duit à la volerie.

AFFAIRÉ, ée, adj. Qui fait l’empressé, l’occupé, l’homme chargé d’affaires, Negotiosus, negotii plenus. Il y a des gens qui sont toujours affairés, qui disent qu’ils n’ont point de temps à eux.

Il vous jette en passant un coup d’œil effaré, Et sans aucune affaire, est toujours affairé. Mol.

Ce mot est bas, & on ne s’en sert guère que par ironie.

Affairé, signifie aussi, un homme accablé de dettes, dont les affaires sont embarrassées, Ære alieno oppressus. Quelque riche que soit un homme, il ne trouve rien à emprunter, quand on le croit affairé.

AFFAISSEMENT, s. m. C’est l’abaissement de quelque chose, causé par son propre poids, par sa propre pesanteur, ou par quelque force extérieure. Sedimentum. L’affaissement de la terre en cet endroit est fort considérable. L’affaissement se dit encore des tas de fumier que les Jardiniers entoisent, & empilent, & qui s’affaissent notablement quelques jours après avoir été dressés. Il est à craindre que ces couches ne viennent à un trop grand affaissement, si l’on n’a soin d en bien fouler le fumier. Liger. Il se dit aussi parmi les Jardiniers des terres & des sables, lorsqu’en ayant nouvellement porté en quelque endroit, ou qu’en ayant nouvellement remué de deux ou trois pieds en fond, elles paroissent surpasser la superficie de la terre où elles sont, & puis qu’elles viennent à s’abaisser ; pour lors ils disent : Il s’est fait un petit affaissement de ces terres. La Quint. Liger. Les Jardiniers habiles en remplissant quelque grand trou, ont accoutumé de le remplir d’un bon pied au moins plus haut que le reste de la superficie, en vue que l’affaissement qui doit survenir après les pluies, ou les neiges, rende tout le terrain égal. La Quint.


AFFAISSER, v. act. C’est faire que des choses que l’on met les unes sur les autres, s’abaissent, se foulent, & tiennent moins d’espace en hauteur. Deprimere, stipare. Les pluies affaissent les terres. On affaisse les marchandises, quand on les emballe.

Affaisser, se dit aussi avec le pronom personnel, & signifie, s’abbaisser par sa propre pesanteur, ou par quelque force ou impression extérieure. Sidere. Les fortifications de terre s’affaissent sensiblement. Ce mur commence à s’affaisser. Il n’y a guère de planchers qui conservent toujours le niveau, & qui ne s’affaissent avec le temps. Les montagnes s’affaissent quelquefois. Un bâtiment s’affaisse lorsqu’étant fondé sur un terrein de mauvaise consistance, son poids le fait baisser ; ou lorsqu’étant vieux, il menace ruine. En termes de Jardinage, on dit, cette terre, ou cette couche s’est affaissée.

On dit figurément d’un vieillard qui se courbe, qu’il s’af- faisse, qu’il commence à s’affaisser sous le poids des ans.

Affaissé, ée, part. Qui s’est abaissé, qui occupe moins d’espace en hauteur. Depressus.

AFFAITEMENT. s. m. Voyez Enfaîtement.

AFFAISTER ou AFFAITER. v. act. Raccommoder le faîte d’une couverture, y mettre des faîtières. Tecti fastigium reficere. Voyez aussi Enfaîter.

AFFAITAGE. s. m. Terme de Fauconnerie. Soin qu’on prend pour affaiter, ou pour bien dresser un oiseau de proie. Cura cicurandi accipitris. Il faut bien du soin & de l’industrie pour réussir à l’affaitage d’un oiseau. Les effets de l’affaitage sont tout-à-fait merveilleux, puisqu’il fait que l’oiseau naturellement farouche, fier, fantasque & passionné pour sa liberté, la quitte néanmoins au premier rappel du Fauconnier, & abandonne l’air où il vole, pour se rendre volontairement esclave.

AFFAITER. v. a. Terme de Fauconnerie, qui se dit en parlant des oiseaux sauvages qu’on apprivoise, qu’on rend familiers & doux, qu’on assure pour revenir sur le poing, ou au leurre. Cicurare, mansuefacere, erudire. C’est aussi l’introduire au vol, le curer, le traiter, r’habiller ses pennes, le tenir en santé, & le rendre de bonne affaire. Curare. On affaite l’oiseau en le portant d’ordinaire sur le poing ; en le découvrant souvent pour lui faire voir toutes sortes d’objets ; en se faisant connoître à la voix, au visage ; en le caressant de toutes les manières, & en se rendant fort doux à son égard, & patient à souffrir toutes les mauvaises humeurs.

Affaiter des peaux. Terme de Tanneur. C’est les façonner à la tannerie. Coria, pelles effingere, perficere.

Affaité, ée. part.

AFFAITIER, & AFAITIER. Verbe actif, qui vouloit dire autrefois, instruire, rendre habile en quelque science.

Car de plusieurs langages s’estoit fait affaitier.

Rom. de la Rose.

Affaitier, signifioit aussi, raccommoder. Et lui demandez de ce cuir qu’il emporte, & vous dira qu’il en veut ses soliers affaitier, quand ils seroient dépéciés. Merl.

AFFAITIEZ. part. & adj. Appris, instruit. Jean li Nivelois fut moult bien affaitié.

AFFALE. C’est le commandement aux gens de mer pour faire baisser quelque manœuvre. Deprime.

Affalé, adj. masc. Terme de Marine qui se dit d’un vaisseau qui est arrêté sur la côte, qui ne peut s’élever, ni courir au large par trop, ou trop peu de vent:ou que le vent ou les courans forcent à se tenir près de terre. Navis coacta littus radere.

AFFALER. se dit en général, pour dire, Abaisser. Deprimere. Il faut affaler cette manœuvre, cette poulie, c’est-à-dire, il faut faire baisser.

AFFAMER. v. act. Faire souffrir la faim, causer une faim qu’on ne puisse supporter ; Retrancher, couper les vivres; empêcher qu’ils n’entrent en quelque lieu, afin d’y causer la famine. Famem inferre. Quand les places sont trop fortes, on leur coupe les vivres par un blocus pour les affamer.

Affamer, se dit aussi des goulus qui affament les autres, parce qu’ils ne leur laissent pas assez de quoi manger.

Affamé, ée. part. Famelicus, fame pressus. Il est cruel comme un loup affamé.

Affamé, se dit figurément en choses morales & spirituelles, & signifie, une personne qui désire ardemment quelque chose, qui a une passion extrême d’en jouïr. Cupidus, incensus, inflammatus fludio alicujus rei. Ce Prince est affamé de gloire. Cet homme est affamé de nouvelles. Il est affamé d’argent. Pensez-vous que ce soit un homme affamé de femmes ? Mol. Ce qui rend la solitude insupportable à la plûpart des gens, c’est que leur cœur demeure vide & affamé de louange, & qu’étant privé de cette nourriture ordinaire, il ne trouve pas dans soi-même de quoi se remplir. Port-R. Ne vous attachez jamais à ces hommes ambitieux, & affamés de gloire : ils vous sacrifieront toujours à leur vanité.

De louange & d’honneur vainement affamée, Vous ne pouvez aimer, & voulez être aimée. Voit.


Depuis