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ACH ACH ACI

La Thessalie entière ou vaincue, ou calmée,
Lesbos même conquise en attendant l’armée,
De toute autre valeur éternels monumens,
Ne font d’Achille oisif que les amusemens.

Rac.

Achille, est encore le nom de quelques autres personnages connus dans l’Histoire. S. Irénée envoya un Achille à Valence en Espagne, pour y prêcher l’Evangile. Un Achille Statius, ou Statio, Portugais. Un Achille Tatius, ou Tatii, qui avoit écrit une histoire mêlée, un traité de la Sphère, un roman des amours de Leucippe & de Clitophon, & un ouvrage sur les phénomènes d’Aratus, dont il nous reste un fragment, que Victorius a imprimé le premier sur un manuscrit de la Bibliothèque de Florence, & que le P. Petau a traduit & réimprimé. Photius parle de cet Auteur dans sa Bibliot. C. 87. aussi bien que Vossius, de Hist. Gr. L. III. & de Scient. Mathem. C. 33. §. 29.

Achille, se dit figurément de ceux qui ressemblent à Achille. C’est un Achille ; c’est-à-dire, un grand homme de guerre, un homme brave comme Achille.

De jeunes conquérans que la gloire a charmés,
Savent l’art de ranger des bataillons armés,
Et de forcer les murs des plus superbes villes ;
Mais il faut des Nestors à ces jeunes Achilles.

Flech.

L’empereur Maximin fut appelé un Hercule, un Achille, un Ajax, dit Capitolin dans la vie des deux Maximins. Albert, Électeur de Brandebourg, fils de Frédéric I, fut surnommé pour les belles actions, l’Achille d’Allemagne.

Achille. Terme d’Anatomie. Le tendon d’Achille est la corde dans laquelle se confondent les tendons des quatre muscles du pied, appelés extenseurs ; c’est-à-dire, des deux gémeaux, du solaire, & du plantaire. On la nomme Tendon d’Achille parce que l’on dit qu’il mourut d’une blessure qu’il y avoit reçue. Les plaies de cette partie sont fort dangereuses, & causent de fâcheux accidens. Dionis.

Achille. Nom qu’on donnoit dans les écoles à l’argument principal de chaque Secte. Achilles. Voila son Achille ; c’est-à-dire, une raison invincible, un argument auquel on ne peut rien opposer. En particulier on appelait Achille, le fameux argument de Zenon d’Élée contre le mouvement. Ce Philosophe mettoit en comparaison la lenteur d’une tortue avec la vitesse d’Achille, pour montrer qu’un mobile lent, qui précède tant soit peu un mobile vite, n’en peut jamais être devancé.

ACHILLÆA. s. f. Nom que les anciens Botanistes ont donné à plusieurs plantes de différens genres. On prétend que l’Achilæa de Dioscoride & de Pline, n’est autre chose que notre Millefeuille ; conjecture dont on pourroit faire voir le foible, en montrant que les descriptions que nous en ont laissées Dioscoride & Pline, conviennent tout aussi bien à d’autres plantes, auxquelles on n’a jamais attribué aucune qualité excellemment vulnéraire. On croit qu’elle a pris son nom d’Achille, disciple de Chiron Centaure, qu’on dit être le premier qui l’a mis en usage pour guérir les plaies & les ulcères. La plante qu’on nomme Achillæa, en latin, Achillæa montana, à présent est une espèce de Jacobée, appelée Jacobæa foliis ferulaceis, &c. Inst R. Herb. Ses racines sont fibreuses & noirâtres, & donnent beaucoup de feuilles découpées menu comme celles de l’aurone ; mais elles sont plus amples, d’un vert gai, & d’une odeur qui n’est pas désagréable lorsqu’on les écrase ; leur goût est amer & désagréable. Les tiges qui s’élèvent d’entre ces feuilles, ont un ou deux pieds environ de hauteur : elles sont quelquefois branchues, toujours garnies de feuilles semblables à celles du bas de la tige, mais un peu plus courtes. Ses fleurs naissent à l’extrémité des tiges en manière de bouquet : elles sont jaunes, radiées, un peu plus petites que celles de la matricaire. Ses semences sont oblongues, grêles & chargées d’une aigrette. On ordonne aux asthmatiques, & à ceux qui ont des durillons dans le poumon, d’user de cette plante en fumée, comme du tabac.

ACHILLÉIDE. s. f. Achilleis. C’est le nom d’un Poëme de Stace, dans lequel il devoit décrire toute la vie d’Achille. Il n’a décrit que son enfance. La mort l’empêcha de continuer.

ACHIOTE. s. f. Fruit fort estimé par les Indiens, qui vient de la nouvelle Espagne, qui croît à un arbre nommé Achiote, ou Pamaqua, qui est assez semblable à l’oranger. Le tronc est roux & les branches aussi. Ses feuilles sont comme celles de l’orme pour la couleur & l’âpreté, ses fleurs blanches & purpurines distinguées en cinq feuilles, taillées en étoile. Son fruit est gros comme une petite amande verte, quadrangulaire, avec une écorce semblable à la première écorce de la châtaigne, contenant plusieurs grains rouges, comme des raisins, mais plus ronds. Il est vert toute l’année, & porte son fruit au printemps, & alors on le taille. On tire du feu de son


bois comme d’un caillou. De son écorce on fait des cordes plus fortes que celles de chanvre. De sa semence on fait de la teinture pour colorer en rouge cramoisi, & on la mêle avec succès dans toutes les potions réfrigérantes. On en fait une pâte à mesure qu’elle sèche. On en fait des boules, des tourteaux, & on les vend en forme de brique. Ceci est tiré de François de Ximénez, de Laed, & d’Eusébe de Nuremberg, qui en ont fait la description. Voyez Rocou.

ACHIT, ou ACHITH. s. m. Espèce de vigne qui croît à Madagascar, & dont le raisin est de la grosseur de notre verjus. Cette vigne donne beaucoup de grappes vers les mois de Décembre, Janvier & Février. Ses sarmens sont toujours verts ; ses feuilles sont arrondies, entières & semblables à celles du lierre. Les Sauvages appellent son fruit Voachis. Flacourt, Hist. Madag. 138.

ACHOISON. s. f. Vieux mot François, qui veut dire occasion : il vient d’Occasio. Huet. On disoit aussi, achaison, acoison, aquoison.

ACHOPPEMENT. Occasion de faute ; sujet de scandale. Offensa, offendiculum. Il ne se dit qu’au figuré, & presque toujours dans cette phrase : Pierre d’achoppement. Cet Auteur raisonne sur un faux principe ; c’est une pierre d’achoppement qui le fait broncher par-tout. Quelques-uns emploient ce mot seul. C’est l’achoppement de l’antiquité ; pour dire, l’écueil. On dit encore, être en achoppement à quelqu’un ; pour dire, le traverser dans ses entreprises, & chercher à le chagriner par-tout.

ACHORES. s. m. C’est la troisième espèce de teigne. Les achores sont des ulcères de la tête qui s’étendent toujours, perçant la peau de plusieurs petits trous, dont il sort une ordure visqueuse. La cause prochaine des achores est une humeur acre, séreuse, nitreuse & piquante, jointe à une humeur grossière. Degori.

ACHRONIQUE. adj. Terme d’Astronomie, qui se dit d’un astre ou d’un point du ciel qui est opposé au soleil dans son lever, ou dans son coucher ; c’est-à-dire, que l’un se leve, quand l’autre se couche, & que l’étoile étant en opposition au soleil, se fait voir toute la nuit. Achronicus. Le lever achronique de Mars, lequel se trouve alors plus près de la terre que le soleil, a fait abandonner l’ancien système de Ptolomée, qui place la terre dans le centre du monde, & Mars au-delà du soleil. Ce mot vient de l’α privatif & de ϰρόνος, tempus, temps.

ACI.

ACIDALIENNE. adj. f. Acidalia. Surnom de Vénus, que les Grecs lui donnèrent, ou parce qu’elle cause des chagrins & des soins, en Grec ἀϰίδας, ou d’une fontaine de Béotie qui lui étoit dédiée, & qui se nommoit Acidale, & étoit dans la ville d’Orchomène.

ACIDE. adj. m. & f. Aigre, piquant ; tels que sont les citrons, les grenades, & les fruits qui ne sont pas mûrs. Acidus. Les liqueurs acides sont rafraîchissantes. Toutes les choses aigres font maigrir, parce que leurs parties acides sont comme autant de petits couteaux tranchans, qui brisent subtilement les parties du chyle propres à la nourriture, & les entraînent dehors avec elles. Par la même raison les liqueurs mêlées d'esprits acides tempèrent l'ardeur de la fièvre, parce que ces particules acides rompent & atténuent les parties du sang qui fermentent avec trop de violence.

Acide, s. m. Terme de Chymie. Acidum. Sel piquant, & dissolvant. Il est en ce sens opposé à l'alkali : & sur ces deux principes quelques Chymistes, & quelques Médecins modernes ont fondé une nouvelle explication de toutes les causes physiques. L'eau prise immodérément émousse les acides de l'estomac, & lui ôte la force de cuire les alimens. On le fait venir du Grec ἀϰίς, pointe, parce que les acides piquent la langue. Les acides ont les parties longues, flexibles, pénétrantes, & atténuantes qui ont des pointes aiguës & perçantes. Il y a des acides naturels, & des acides artificiels. Les acides naturels sont ceux qui ont l’acidité de leur propre nature, comme le jus de citron, &c. Les acides artificiels sont ceux qui le sont par le moyen du feu dans les opérations de Chimie. Ainsi les esprits acides, ou liqueurs infernales, comme les Chimistes les appellent, à cause de la force qu’elles ont de détruire ou de dissoudre les corps ; ces liqueurs, dis-je, ne sont autre chose qu’un sel acide dissous, & mis dans un violent mouvement par le moyen du feu. Harr.

Le vitriol est le plus grand des acides, ensuite le sel marin, & puis le salpêtre, le soufre, le vinaigre, & enfin l’alun. Cet acide diffère de ce qu’on appelle au propre aigre ; parce que l’aigre ne se dit proprement que de la saveur ; au lieu que l’acide des Philosophes se dit de tout ce qui est corrosif, & qui pénètre, dissout, ou corrompt la substance des choses. Il est composé de petites parties aiguës qui s’insinuent dans les pores des corps qu’elles rencontrent, & en font la désunion, & la séparation. Les li-


Tome I. G ij queur