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ADO ADO


tues ont besoin d’un bon ados pour venir promptement. On donne à la terre ainsi élevée, le nom d’ados, parce qu’elle est en talus, & qu’elle forme une espèce de dos ; Id. ou bien parce qu’elle est au dos du mur, adossée, appuyée contre le mur.

ADOSSER. verb. act. Conj. Je m’adossai ; je me suis adossé ; je m’adosserai. Mettre le dos contre quelque chose. Dorsum applicare, dorso incumbere. Il se dit plus ordinairement au figuré en ces phrases. Cette maison est adossée contre l’Eglise, contre la montagne. Ce lit est adossé contre la muraille. Inniti, incumbere, applicari. Lorsqu’il se vit attaqué, il s’adossa contre la muraille.

On dit aussi avec le pronom personnel, s’Adosser contre quelqu’un, pour dire, avoir le dos tourné l’un contre l’autre. Tergum obvertere. Les Soldats s’étant ainsi adossés, ne craignirent plus d’être enveloppés par l’ennemi. Ablanc.

Adosser, se dit en termes de Blason, de ce qui est tourné le dos contre le dos de son pareil. Adversos pingere, ponere. Montbeliard porte d’azur à deux bars adossés d’or : ce sont deux espèces de poissons. On dit aussi adorsé : le contraire est affronté. Il se dit particulièrement des animaux rampans, comme le lion, &c. On le dit en général de tout ce qui a de la longueur, & qui a deux faces différentes : comme des clefs adossées, quand leurs pannetons sont en dehors : des faux adossées, &c. Ce mot vient d’ad & de dorsum.

Adossé, ée, part. pass. & adj. Il a en François comme en Latin la signification de son verbe.

ADOUBER. v. act. Accommoder, boucher des trous dans une fontaine, dans une machine, &c. Reficere. Tous les tuyaux de cette machine sont bien adoubés, elle doit jouer maintenant. On le dit quelquefois des vaisseaux ; mais on se sert plus ordinairement de radouber.

Ce mot vient du Latin adaptare. Du Cange le dérive du mot adobare, qui signifioit autrefois, Armer. Voyez adopter Adapter.

Adouber, vouloit dire autrefois, donner à un Chevalier, ou à un Soldat, les armes nécessaires, les habits, &c.

Se ne fussiez Chevaliers adoubés. Roman de Gaydon.
Là me fi-il Chevalier Adouber. Id.

Il signifie figurément, Rajuster, accommoder, mettre en ordre. Ordinare, disponere. On dit au jeu des échets, du triquetrac, & des dames, J’adoube:pour faire entendre qu’on touche une pièce qu’on ne veut pas jouer, mais seulement pour arranger son jeu.

ADOUCIR. v. act. Rendre doux, moins âcre, moins rude ou moins amer, &c. Temperare, rem aliquam dulcem efficere, mollire. On a trouvé le secret d’adoucir l’eau de la mer. Adoucir l’acreté des humeurs. On adoucit la voix, le son des instrumens, en les baissant d’un ton. On adoucit le fer à force de le battre. La pluie adoucit le temps, en le rendant moins froid. On adoucit les métaux par un alliage convenable. Ceux qui travaillent aux glaces de miroir, aux lunettes, &c. ne les polissent qu’après les avoir adoucies. Le mélange adoucit aussi les odeurs, les couleurs, &c. L’aigreur des fruits s’adoucit en mûrissant.

Adoucir, se dit aussi des choses spirituelles, pour signifier, Appaiser, rendre moins fâcheux, & plus supportable ; modérer, tempérer. Mitigare, lenire. Il faut adoucir les termes injurieux ou barbares, quand on est obligé de s’en servir. On dit que l’amour a inventé la peinture, pour adoucir la douleur de l’absence par la copie des traits de la personne aimée. Felib. La lecture adoucit les ennuis, & les chagrins de la solitude. S. Evr. Il est difficile d’adoucir une humeur si farouche. Id. La joie adoucit, & relâche la tristesse. Dac. On peut adoucir & apprivoiser les lions, & les tigres mêmes ; à plus forte raison peut-on se flatter d’adoucir la fierté naturelle de ce jeune Prince. Ablanc. Il seroit bon d’adoucir la sévérité incommode de la Philosophie, de peur de la rendre haïssable. Port-R. Pour ne point rebuter les pécheurs, vous avez adouci les rigueurs de la pénitence. Pasc. Sur l’Eucharistie. Nos Frères sentant l’impossibilité de l’opinion de Calvin prise à la lettre, l’adoucissent autant qu’ils peuvent. Peliss. A dire le vrai cependant son opinion ainsi adoucie, n’enferme pas moins une contradiction formelle. Id. J’ai tâché d’adoucir son esprit, & de le


rendre plus calme. P. de Cl. La soumission adoucit les plus farouches. La patience & la Philosophie adoucissent l’amertume des douleurs.

Il se dit aussi avec le pronom personnel, & signifie, devenir plus doux. Mitescere. Conj. Je m’adoucis ; je m’adoucissois ; je m’adoucirai. L’hyver s’est adouci ; le froid est moins âpre, & moins violent. Le dépit de ne posséder pas les richesses se console, & s’adoucit, par le mépris que l’on a pour ceux qui les possèdent. Rochef. Les haines & les inimitiés s’adoucissent par le temps. Du R. Il n’y a personne si sauvage qui ne se puisse adoucir. Dac. Le Roi s’adoucit dans la suite, & ne parut plus si irrité. P. de Cl. La fièvre s’adoucit par l’abstinence & le repos.

Adoucir. Terme de Peinture. Mêler les couleurs avec la brosse, ou le pinceau. Expolire picturam. On dit aussi. Adoucir les desseins lavés, & faits avec la plume ; c’est-à-dire, en affoiblir la teinte. Adoucir une peinture, c’est en changer quelques traits, & donner plus de douceur à l’air d’un visage, qui avoit quelque chose de rude. Felib.

Adouci, ie, part. pass. & adj. Temperatus, mitigatus, lenitus.

ADOUCISSEMENT. s. m. L’action d’adoucir. ☞ Il signifie également la chose qui sert à adoucir, & l’état de la chose qui est adoucie. Temperatio, mitigatio. L’adoucissement de la bile, & des humeurs, des contours d’un tableau.

Adoucissement, signifie figurément, Soulagement, diminution de peine & de douleur. Levamen, levamentum, mollimentum. Rien ne peut apporter d’adoucissement à mes déplaisirs. ☞ On le dit aussi en parlant du temps, lorsqu’il est moins froid, moins rude, moins fâcheux. Il y a quelque adoucissement dans le temps. Il signifie aussi, accommodement, tempéramment, correctif. Ne sauriez-vous trouver quelque adoucissement pour concilier les esprits ? Les adoucissemens de la confession attirent le monde. Pasc. Il faut chercher quelques adoucissemens, pour exprimer les choses sales & malhonnêtes. Cail. La Reine le priva de certains adoucissemens, que le privilège de son rang lui faisoit regarder comme permis, & que la flatterie lui avoir conseillés comme nécessaires. Flech. Les personnes polies n’expriment qu’avec bien des précautions & bien des adoucissemens, tout ce qui peut faire naître des idées obscènes. S. Evr.

Adoucissement. Terme de Peinture. Expolitio. On s’en sert pour exprimer que les couleurs sont bien noyées ; que les traits ne sont pas tranchés, & qu’il n’y a rien de rude. L’adoucissement des couleurs rend la peinture plus tendre & plus fine.

Adoucissement. Terme d’Architecture. C’est le racordement qui se fait d’un corps avec un autre par un chanfrein, ou par un cavet, comme le congé du fât, d’une colonne, ou lorsque la plinthe d’une base est jointe à la corniche de son piédestal par un cavet.

ADOUÉES, adj. f. pl. Terme de Fauconnerie, qui se dit des perdrix qui sont pariées & accouplées. Copulatæ.

ADOULÉ, ée. adj. Vieux mot, qui vouloit dire autrefois Dolent, triste; Mœrens, mœstus, dolens.

AD PATRES. Expression latine, qui est devenue françoise dans le style familier. Il est allé ad patres, c’est-à-dire, il est allé rejoindre les pères en l’autre monde, il est mort.

J’ai, comme vous savez, un habile cousin,
Homme de conscience & savant Médecin,
Qui l’enverroit bientôt ad patres. Boursault.

Nous partons aussitôt faisant par-tout florès,
Sûrs de trouver déja le bon-homme ad patres. Regnard.

ADR.

ADRACHNE. s. m. C’est une espèce d’arbre de grandeur médiocre, dont l’écorce est blanche & luisante ; son bois est fort dur ; sa fleur & son fruit sont semblables à ceux de l’arbousier ; il vient en Candie : sa feuille résiste au venin. Voyez Théophraste.

ADRAGAN. s. m. Adragantum gummi. C’est le nom d’un suc gommeux qui se tire d’un arbre que les Grecs appellent Tragacantha, les Persans Kar Moghilan, & les Arabes Carad. D’Herb. On ne dit point Adragant tout seul, mais gomme d’Adragant. Quelquefois on écrit Adragante, & quelquefois Adraganth. Ce mot est écrit de la seconde manière dans le Dictionnaire de Commerce : d’Herbelot écrit Adragan.

ADRAMELECH. s. m. Faux Dieu des Sépharraïmites, Peuple envoyé dans la Terre-Sainte, par les Rois d’Assyrie, à


Tome I. L ij la