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AER AES AET AET


lorsque l’assemblée des Prêtres lui a imposé les mains. Il n’est parlé en cet endroit, disoit Aërius, que des Prêtres seulement, & nullement des Evêques. Mais il est aisé de voir que le mot de Prêtres dans S. Paul, signifie également les Evêques ; ensorte que Presbyterium, qui est dans le grec & dans le latin de la vulgate, se prend pour le sénat ou l’assemblée de ceux qui présidoient aux églises. S. Paul avoit ordonné Thimothée, étant accompagné des Prêtres ou Evêques, qui se trouvoient présens à l’ordination. Voy. le mot Anciens. Il faut prononcer dans le mot Aëriens le premier ë séparé de l’a, Aëriens en quatre syllabes, & non pas Æriens, ainsi qu’écrivent quelques auteurs, comme si ce n’étoient que trois syllabes. La raison qu’Aërius eut de se séparer de l’Eglise, fut le chagrin qu’il eut de ce qu’en 349 ou 355, selon un autre sentiment, Eustathe lui fut préféré pour l’Évêché de Sébaste en Arménie. Voyez S. Epiph. her. 75. S. Aug. hér. 53. Onuphrius Chron. A.C. 349. Sander. hér. 69. Tillemont, Histoire Ecclésiastique, T. IX.

AËRIER, ou AIRIER. v. act. C’est purifier l’air de quelque lieu, en y brûlant des senteurs pour en rendre l’air plus pur. Infectam auram purgare. Aërier une maison. Ce mot ne se dit que très-rarement, & en sa place, on se sert d’un tour qui signifie la même chose. Ainsi au lieu de dire, il faudroit aërier cette chambre, on diroit, il faudroit brûler quelque chose dans cette chambre, pour en chasser le mauvais air.

AËROMANCIE. s. f. Ce mot vient du Grec ἀὴρ, air, & μαντεία, divination. C’est l’art de deviner par le moyen de l’air. Il y a plusieurs sortes d’aëromancies, dont Bodin ne traite point dans le livre des Sorciers. L’aëromancie est une science vaine. Les Païens s’attachoient à l’aëromancie ; mais les Chrétiens la rejettent comme fausse & superstitieuse. C’étoit une des sept espèces de divination en usage chez les Perses.

AËROMÉTRIE. s. f. Aerometria. C’est l’art de mesurer l’air, ses forces, ses propriétés. Chrétien Wolfius, professeur de Mathématiques en l’Université de Hall de Magdebourg, a donné un Traité d’Aërometrie, intitulé, Aerometria Elementa, à Leipzic, 1709.

ÆS.

ÆSCULAN. s. m. Æsculanus. C’étoit un Dieu qui, chez les Romains, présidoit à la monnoie avec le Dieu Argentin. Voyez S. Aug. de la Cité de Dieu, L.IV. C. 21, & Budée, de Ass. L.V. & ARGENTIN. On disoit que le Dieu Æsculan étoit pere du Dieu Argentin. C’est que la monnoie de cuivre est plus ancienne que celle d’argent. Ces Dieux avoient la puissance d’enrichir les hommes. On honoroit à Rome la monnoie sous le nom d’Æsculan.

A-ESMER. v. neut. Ce mot autrefois vouloit dire, trouver, juger, estimer, conjecturer. Et aesmerent qu’il y avoit 400 cavaliers. Villehard.

Aesmer, signifoit aussi quelquefois, comparer.

Ains le pooit-on aesmer
A chant de serene de mer.

ÆS USTUM. s. m. Terme de Chymie. Cuivre brûlé. C’est une drogue qu’on appelle autrement Crocus Veneris, ou safran de Vénus, qu’on a fait tremper dans une dissolution de sel, dans de fort vinaigre, & qu’on stratifie ensuite avec du soufre dans un fourneau. On le remet dans du vinaigre où il y a du sel ammoniac fondu, ce qu’on réitère jusqu’à ce que les lames soient toutes consumées. On en ôte le vinaigre par la distillation, & il reste une matière qu’on appelle Æs ustum, qui sert à divers usages en Médecine.

ÆT.

ÆTHIOPIS. s. m. Plante qui est une espèce de toute-bonne, ou de sclarea. Ses feuilles qu’elle pousse les premières sont couchées par terre, & disposées en rond ; elles ressemblent à celles du bouillon ; elles sont grandes, épaisses & velues. Il sort d’entre ces feuilles une tige garnie de feuilles semblables aux précédentes, mais d’ordinaire plus petites. Cette tige est quarrée & velue, de la hauteur d’environ deux pieds ; elle a plusieurs ailes, & concavités. Ses fleurs sont rangées par anneaux, & blanches. Sa racine est


fibreuse. Sa semence est noirâtre, triangulaire, & contenue dans des capsules ; chaque capsule contient quatre semences. La racine de l’Aethiopis est bonne pour la sciatique, & pour les maladies de poitrine. Voyez ORVALE.

ÆTHNA, ou ÆTNA. s. m. Æthna, ou Ætna. Montagne de Sicile, la plus haute qui soit dans ce royaume. On l’appelle aujourd’hui dans le pays Monte Gibello, & en François le Mont Gibel. Son premier nom, si l’on en croit Volatéran, est Hiesius. L’Ætna est fameux par les feux, les cendres, & les cailloux calcinés qu’il vomit de temps en temps. Les Poëtes disent que c’est sous cette montagne, que Jupiter précipita les Géans vaincus. Justin explique plus physiquement la cause de cet incendie, L. IV. C. 1. Il dit que la Sicile est toute creuse, & par conséquent pleine d’air & de vents souterrains ; que le choc de ces vents produit du feu ; que ces cavernes sont pleines de soufre & de bitume, auxquels le feu s’attache, & que c’est la cause de ces feux que l’Ætna jette de temps en temps.

Ce mot Ætna, selon Bochart dans son Chanaan, C. 28, vient du mot hébreux אתונא, Attuna, qui signifie, fournaise, ou Æthuna, obscurité. Ceux qui ont le mieux décrit le mont Ætna, ou qui en ont le mieux parlé, sont Virgile, Enéide, L. III. v. 571. Lucrèce, L. VI. v. 680. Ovid. Met. L. XV. v. 340. Silius Italicus, L. XIV. v. 67. Claudien, L. I. de Rap. Pros. Justin à l’endroit que j’ai cité, Leandro Albetti dans sa Sicile, Cluvier, Bembo dans un Dialogue exprès, Natalis Comes, L. XVII & XXX. Ant. Philotheus de homodeis, Ætna. Topographia. Pour jeter des feux & des flammes, & quelquefois des fleuves de feu, le mont Ætna n’en est pas moins fertile. Il est couvert de bois & de vignes, & quelquefois de neiges & de glaces, ainsi que disent Silius Italicus & Claudien, Pindare Pyth. I.

C’est ainsi que d’Aetna, la caverne bruyante
Vomit avec horreur une flamme ondoyante,
Ou plutôt c’est ainsi que Typhon en courroux
Fait trembler Inarime, & fondre les cailloux. Bred.


Lors qu’avecque le soufre & les rochers brûlans
Etna semble sortir lui même de ses flancs. Id.


Et l’Etna vomissant le soufre & les cailloux,
Est moins impetueux que l’Anton en courroux. Id.

On écrit communément Etna, comme on le voit par ces exemples. Une belle Ode à M. Fagon sur le Quinquina, dit, en parlant de la fièvre.

<poem class="verse" >
Dis-nous quel est ce monstre armé de feux cruels,
Caché dans notre sein, à nos yeux invisible ?
Quel Etna ! quel gouffre d’horreur !
Dis-nous où s’alluma sa torche meurtrière ?
A ce traître ennemi quels chemins sont ouverts ?
Descend-il du Ciel en colère,
Ou sort-il du fond des enfers ?

AËTIEN, enne. s. m. & f. Aëtianus. Les Aëtiens étoient une Secte d’Ariens disciples d’Aëtius d’Antioche, surnommé l’Impie, qui fut d’abord Forgeron, ou, comme dit Philastrius, Orfévre, puis Sophiste, & ensuite Médecin, ou plutôt Charlatan. Les Aëtiens eurent ensuite divers noms ; on les appela, Purs Ariens, Eunoméens, Anoméens, Etérousiens, Troglodytes, ou Troglittes, Exomontiens, & Exaconites. Nous expliquerons ces mots en leur place.

AËTITES, autrement Pierre d’aigle. Voyez Aigle. Aëtites. Taurentius Bauschius a fait un Traité exprès de la pierre Aëtites, ou il assure qu’on ne la trouve point dans les nids d’aigles ; mais qu’on en rencontre sur des rivages, dans les champs, & sur des montagnes. Ce mot vient du


grec ἄετος, qui signifie aigle. On ne sauroit creuser quelques pieds en terre à Trévoux, sans trouver des lits considérables de pierres d’aigle, dont les unes n’ont qu’un noyau, d’autres en contiennent jusqu’à trois ; il y en a de différente grosseur & de différente figure, & presque toutes sont composées de deux ou trois couches de terre semblable à de la terre cui-


Tome I. M ij te.