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AFF AFF AFI

Il pourroit bien, mettant affront dessus affront,
Charger de bois mon dos, comme il a fait mon front. Mol.

Sénéque dit que la douleur qu’on ressent d’un affront, est la marque d’un cœur foible & bas. S. Evr. Ce mot vient de l’Italien affronto. Ménage. Pasquier a observé que ce mot n’étoit pas ancien de son temps.

Affront, se dit aussi de la honte que nous recevons nous-mêmes par notre faute ou par celle de ceux qui nous touchent. Un Général d’Armée reçoit un affront, quand il lève le siège de devant une place. Un criminel qu’on exécute, fait un affront à toute sa famille. Quand un Prédicateur demeure court en chaire, on dit que c’est un affront que lui fait sa mémoire.

AFFRONTAILLES. s. f. pl. Terme de Coutume. Les confins de plusieurs fonds aboutissans aux côtés d’un autre fonds.

AFFRONTER. verb. act. Tromper quelqu’un malicieusement, finement, d’une manière basse, rusée, maligne, & sous prétexte de bonne foi ; soit en lui faisant quelques emprunts qu’on n’a pas dessein d’acquiter, soit en lui vendant une marchandise. Fraudare, defraudare. Ce Banqueroutier a affronté cent personnes sous l’apparence qu’il avoit d’être riche. Ce Changeur m’a affronté, il m’a donné de la monnoie qui est fausse. Il m’a affronté de dix pistoles. Ablanc.

Par des concussions fatales à la France
Il a déja vingt fois affronté la potence. Ren.


Vois ces pâles joueurs, qui pleins d’extravagance,
Du destin insolent affrontent l’inconstance ;

Et sur trois dez maudits li sent l’arret fatal,
Qui les condamne enfin d’aller à l’hôpital. Id.

Affronter, se dit quelquefois en bonne part, des braves qui ne craignent point de s’exposer dans les occasions honorables. Hostem adoriri fortiter, adire pericula. En ce sens il se dit des choses aussi-bien que des personnes, & signifie, Faire front en attaquant hardiment, en s’exposant avec courage & avec intrépidité. Les deux armées s’affronterent terriblement. Ablanc. Alexandre alloit affronter ses ennemis en plein jour & à découvert. Vous allez de la mort affronter la présence. Racin. Où est le soldat qui n’affronte pas le danger en présence de son Prince. Abl.

Affronté, en termes de Blason, se dit des animaux qui sont posés vis-à-vis l’un de l’autre, dont les têtes se regardent dans un écu. Deux lions affrontés sont ceux qui sont front contre front. Gemini leones adversis frontibus picti. On le dit aussi quand il n’y a que leurs têtes ainsi disposées. On le dit même, quand ils sont en des quartiers différens, encore qu’il y ait d’autres pièces entre deux. Il portoit d’or à deux lions affrontés de gueules.

Affronté, ée, part. Après tant de périls affrontés.

AFFRONTERIE. s. f. Action d’affronter. Fraus, fraudatio. Il y a un très-grand nombre de gens qui ne vivent que d’affronterie. Servez-vous rarement de ce mot. Apparemment que sa ressemblance avec effronterie n’a pas peu contribué à le bannir presque de l’usage ordinaire.

AFFRONTEUR, EUSE. adj. & s. m. & f. Celui ou celle qui affronte. Fraudator, Sycophanta. Paris est plein de devins, de donneurs d’avis, de faux chimistes, qui sont tous des gueux, des filous & des affronteurs.

AFFUBLEMENT. s. m. Voile, vêtement, habillement, tout ce qui couvre, cache, enveloppe la tête, le visage, le corps. Velamentum, Amictus. Ce mot ne peut avoir d’usage que dans le comique.

AFFUBLER. v. act. Cacher, envelopper sa tête, son visage, ou son corps de quelque habillement, de quelque voile. Amicire, obtegere, involvere. Les Moines & les Hermites s’affublent d’un froc. Dans les cérémonies des obsèques des Princes, les parens sont affublés de grands chaperons de deuil. Cette femme étoit affublée dans sa cappe pour n’être pas connue. Il y a de bons auteurs qui prétendent que le mot d’affubler n’est plus en usage que pour signifier se couvrir, se vêtir, sans avoir égard à la tête. Au moins est-il certain qu’être affublé se trouve pour être couvert, être vêtu.

Le moindre de leurs valets
Est affublé d’écarlate. Main.


O qu’il est indignement
Affublé d’une soutane ! Id ;

Nicod dérive ce mot de insula, qui signifie une ancienne coiffure. On dit encore en Picardie, défuler ; pour dire, se décoiffer, ôter son chapeau. Du Cange le dérive de Affibulare, mot de la basse latinité qui vient de fibula:c’étoit une boucle, ou agraffe servant à attacher les habits longs qui couvroient & enveloppoient tout le corps ; comme on a dit clavi, & laticlavi, des vêtemens honorables ainsi attachés.

On dit au figuré avec le pronom personnel, s’affubler de quelqu’un ; pour dire, en être coëffé & entêté, ne voir que par ses yeux, n’entendre que par ses oreilles. Efferri studio alicujus viri aut rei. Les Disciples de Platon étoient affublés des opinions de leur maître. Les gens foibles se laissent aisément affubler par des Directeurs & par des flatteurs. Ce mot, en quelque sens qu’on le prenne, ne se peut dire qu’en raillant. Les Normands prononcent affluber, transposant une lettre, comme ils font en bien d’autres mots; vrêps pour vêpres, &c.

Affublé, ée. part. Qui est couvert, qui est enveloppé de quelque voile, de quelque habillement. Opertus, amictus, involutus.

AFFÛT. s. m. Ce qui sert à pointer le canon quand on le tire, ou à le transporter ailleurs. Tormenti bellici lignea compages, pes, fulcimentum, sessibulum, vehiculum. L’affût d’un canon de navire, ou de casemate, consiste en deux roues sans rais, d’une seule pièce de bois. L’affût d’un canon qui va en campagne consiste en deux fortes roues, qui portent deux longues & fortes pièces de charpente, qu’on nomme flasques, dans lesquelles est comme enchâssé le canon, qui se meut sur ses tourillons comme sur un centre en équilibre. On y ajoute un avant-train composé de deux moindres roues, quand on le fait marcher. Les mortiers ont aussi leurs affûts, dont les roues sont comme celles des canons des vaisseaux ou des casemates.

Affût de bord, est le nom qu’on donne aux affûts des canons qui servent sur les vaisseaux.

Affût, en termes de Chasse, est un lieu caché, où l’on se met avec un fusil pour attendre le gibier au passage, Venatoris, insidiæ, specula. On va le soir à l’affût, & le matin a la rentrée.

On dit figurément & proverbialement, qu’un homme est à l’affût ; pour dire, qu’il est au guet, qu’il épie l’occasion de faire quelque chose, de parler à quelqu’un. Esse in speculis.

AFFÛTAGE. s. m. Soin qu’on prend du canon pour le pointer, le disposer à tirer. Tormenti bellici ad emissionem comparatio.

Affûtage, se dit aussi chez les ouvriers, d’un assortissement de tous les outils dont ils ont besoin. Omnia artis alicujus instrumenta, supellex. On le dit encore des pièces qu’on applique aux fontaines jaillissantes pour en diversifier le jet.

AFFÛTER. v. act. Disposer le canon à tirer, le mettre en mire. Tormentum ad emissionem disponere, librare.

Affûter, signifie aussi chez les ouvriers, aiguiser les outils. Acuere, exacuere.

Affûté, ée. adj. On dit qu’un artisan est affûté de tous ses outils, quand il a près de lui tous ceux dont il a besoin pour travailler. Comparatus ab omnibus instrumentis, ab omni artis suppellectile.

Affûté, se dit aussi figurément d’une personne qui est venue préparée & disposée à dire ou à faire quelque chose. Ils étoient trois ou quatre Juges affûtés pour faire gagner le procès à cet homme-là.

Nicod dérive tous ces mots de fustis, bâton.

AFFÛTIAU. s. m. Terme populaire, pour signifier, bagatelle, brimborion, affiquet, &c.

AFI.

AFICHIER & AFICHER. Vieux mot, qui veut dire ; attacher, mettre son application.

Celui qui en trésors s’afiche. R. de la R.
Le cuer est mal affiché.

AFIERT. Vieux mot, qui veut dire, convient, appartient.


Voyez