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AFI AFR AFR


Voyez Borel, Nicod, le Songe du Verdier, & les Stances chrétiennes, où il est dit :

Faites à mon nez l’honneur
Qui afiert à tel Seigneur.

AFILIATION. Voyez Affiliation.

AFILIER. Voyez Affilier.

AFIN. Conjonction qui dénote l’intention, & signifie, pour, à dessein. Ut, ad. Elle est toujours suivie d’un de, ou d’un que. Quand elle est suivie d’un de, elle régit l’infinitif. Cet Abbé prêche afin d’obtenir un Evêché, afin de parvenir à l’épiscopat. Je suis venu ici afin de vuider d’affaire. Faites, Seigneur, que nous connoissions la briéveté de nos jours, afin d’acquérir la sagesse du cœur. Port-R. Et quand cette conjonction est suivie d’un que, elle régit le subjonctif : Afin que vous y mettiez ordre. Afin que je voie la fin de mon procès. Afin que nous puissions savoir ce que vous faites. Afin qu’on ne fût informé de rien, il ordonna, &c. Ablanc. Elle régit même bien souvent deux constructions différentes dans une même période : J’ai tenu cette conduite, afin de faire voir mon innocence à mes Juges, & que l’imposture ne triomphe pas de la vérité. Vaug. Il est vrai que M. Corneille, dans ses notes, n’approuve pas tout-à-fait cette dernière façon de parler ; mais elle est trop usitée, & trop utile pour la rejetter. Je veux vous le donner chez-vous, afin de le guérir avec plus de commodité, & qu’il soit vû de moins de monde. Mol. Au reste, pour avec l’infinif, est bien plus en usage qu’afin de & qu’afin que. Quand on est obligé de se servir d’afin que, & qu’on veut le répéter dans une même période, on ne répète que la seconde partie, la première étant sous-entendue : Ils livreront le Fils de l’homme aux Gentils, afin qu’ils le traitent avec outrage, & qu’ils le fouettent & le crucifient. Port-R. Ménage dérive ce mot de ad finem. Le Peuple dit, dans de certaines Provinces, A celle fin que. Ad eum finem ut..

AFR.

AFRICAIN, aine. s m. & f. & adj. Qui est d’Afrique, qui appartient à cette partie du monde. Afer, Africanus. Annibal, Asdrubal, Térence, Tertullien, S. Cyprien, S. Augustin, sont d’illustres Africains.

Africain a été le surnom de P. Cornélius Scipion, qui prit Carthage, la détruisit, & défit pour jamais Rome d’une si terrible ennemie. C’est en récompense d’un service si considérable, qu’on lui donna le surnom d’Africain, comme on donna à son frere celui d’Asiatique. Nous avons des médailles où l’on voit d’un côté la tête de Scipion nue, avec ces mots : P. Scipio Afric. & de l’autre, Scipion dans un char à quatre chevaux, & Cart. Subact. Africain a encore été le surnom d’un Historien & Chronologiste fameux du IIIe siècle, natif de Palestine, dont nous n’avons plus rien que les fragmens que nous en ont conservé Eusébe & Syncelle. Il se nommoit Julius Africanus, qu’il ne faut point confondre avec Sextus ou Cestus Africanus, comme ont fait Eusébe, & après lui Photius & Syncelle. Quand on parle de Scipion, on ajoute toujours l’article, Scipion l’Africain. Quand on parle des deux autres, on ne met jamais d’article, Jules Africain, ou seulement Africain ; le plus souvent même en parlant françois on retient leurs noms latins, Julius Africanus, ou seulement Africanus. Quand on dit simplement Africain, ou Africanus, c’est de Jules qu’on parle, & non pas de Sextus. Voyez Marmol, Liv. I. Ch.1, 2, 3, 4, 5.

Il y a aussi un Saint nommé Africain. Voyez Afrione.

Africain. s. m. Terme de Fleuriste. Renoncule jaune doré, marqueté de nacorat, sur un fond jaune.

AFRIGNE. s. m. Nom propre d’homme. Africanus. S. Africain, vulgairement S. Afrigne, plus communément encore S. Efrique, & par corruption S. Frique & San-Frique, étoit Evêque de la ville de Comminge en Gascogne au VIe siècle. Baill.

AFRIQUE. Africa. Troisième partie du monde, au midi de l’Europe. Elle est bornée au septentrion par la mer Méditerranée ; à l’occident & au midi par l’Océan ; & à l’orient par le détroit Arabique. Les Anciens Géographes la bornent tous à l’orient par le Nil ; & ce qui est entre le Nil & la mer-Rouge, ils le donnent à l’Asie, Africa ab orientis parte Nilo terminatur, pelago à cæteris. Mela. L.1.ch.4. Voyez Marmol Liv. I, ch. 1, 3, 4, 5. Diego de


Torrez. Hist. des Chérifs, ch. 12, & la description d’Afrique de Jean Léon l’Africain, qui se trouve dans les Navigations & Voyages recueillis en Italie par Ramusio. On n’est point d’accord sur l’origine & sur la signification de ce mot. Quelques Auteurs prétendent qu’elle est ainsi nommée du mot Arabe Iphrik, qui vient du verbe Faraka, divisit, il a divisé, ou séparé ; & l’on apporte deux raisons de cette étymologie : la première, est que cette partie de la terre est séparée de toutes les autres, soit par la mer, soit par le Nil, qui, comme je l’ai dit, en faisoit autrefois les bornes du côté de l’orient. L’autre est, qu’un certain Iphric, qui a regné dans ces contrées, lui a laissé son nom. Marmol, L 1, ch. 1. se déclare pour cette étymologie. D’autres disent que ce nom vient du mot hébreu עפר aphar, qui signifie poussière, parce que le pays est extrêmement aride & sabloneux. Josephe, au Liv. I de ses Antiquités Judaïques, c. l6, prétend que ce nom lui vient d’Ophre, fils de Mandane, & petit-fils d’Abraham, qui s’empara, dit-il, de la Lybie, & dont les descendans la posséderent, & la nommerent de son nom, Afrique. Servius & Isidorius disent que Africa, ou Aphrica, est la même chose que Aprica, comme qui diroit, exposée au soleil. Quelques Grammairiens dérivent ce nom de l’α privatif, & de φρίχη Horreur, comme qui diroit, une terre qui ne fait point frissonner, qui n’a jamais de froid, ni d’hiver. Dans Eusèbe, Liv. IX, de la Prép. & dans Josephe, Liv. I des Ant. ch. 16. Alexandre Polyhistor rapporte le sentiment d’un certain Cléodémus, qui prétendoit que parmi les enfans qu’Abraham avoit eus de Cetthura, il y en avoit un nommé Apher, & un autre nommé Aphran ; que l’un avoit donné son nom à la ville d’Afra, & l’autre à l’Afrique. Solin & Cédrénus prétendent que ce nom lui vient d’Afer fils d’Hercule. D’autres prétendent qu’il lui vient d’Ophir fils de Jectan, ou de l’autre Ophir dont parle l’Ecriture, & que l’Afrique est la terre d’Ophir si fameuse par le commerce qu’y faisoit Salomon. Bochart, dans son Chanaan, L. I, ch. 15, rejette toutes ces étymologies, & prétend que ce nom vient de פרך pharach, qui, en Syriac & en Arabe signifie Frotter ; & d’où s’est formé פרוך pheruch ou פרוך pherich, qui signifie un épi de blé ; que de-là est venu le nom Africa, comme si l’on avoit voulu dire, une terre d’épis, parce que ce pays est fertile en blé. Quoiqu’il n’y ait rien d’assuré sur l’origine de ce nom, j’aimerois beaucoup mieux le faire venir d’Ophir, non pas de celui qui donna son nom à la terre où Salomon envoyoit ses flottes, mais d’un autre que l’Ecriture place à l’entrée de l’Afrique, & qui probablement s’avança dans ce pays. La raison est, 1° Que dans ces premiers temps les terres n’ont point pris leur nom des qualités qu’elles avoient, mais de ceux qui les occupoient. 2° Parce que ç’a été la coutume de donner le nom de ceux qu’on rencontroit d’abord à l’entrée, à tout le pays qu’ils avoient derrière eux. L’Afrique s’étend depuis le 35e degré de latitude septentrionale, jusqu’au 35e de latitude méridionale, & depuis le troisième degré de longitude, jusqu’au 83e.

Du côté que l’Afrique avoisine ces sables
Si souvent périlleux & si souvent coupables,
De cent monstres divers les champs sont infectés,
Leurs hivers sont plus chauds que ne sont nos étés. Bree.

Sur les Médailles, l’Afrique est coiffée d’une tête d’Eléphant, dont la trompe avance au dessus du front ; de la même manière que Bérénice & Cléopatre, Reines d’Egypte, le sont aussi quelquefois.

On appelle en particulier Afrique, une province de l’Afrique sur les côtes de la Méditerranée, entre la Mauritanie à l’occident, & la Cyrénaïque à l’orient ; c’est la partie orientale de ce que nous appelons aujourd’hui Barbarie. Les Arabes n’appellent Afrique, Afrikiaf, que cette province ; car l’Afrique en général, qui passe pour la troisième partie du monde, ils l’appellent Magreb, ou plutôt Macreb, qui veut dire Occident.

Afrique, est encore une ville d’Afrique sur la côte de la Méditerranée, que quelques-uns prennent pour l’ancienne Leptis, & Marmol pour Adruméte ; mais il s’est trompé : elle est à vingt lieues d’Adruméte, & c’est plutôt l’Aphrodisium des Anciens. Le Calife Mehedi l’ayant fortifiée, la nomma Méhédie. Des Corsaires de Sicile s’en étant saisis,


l’appelerent