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AGA AGA

l’appelerent ensuite Afrique, de ce nom lui est testé. Charles V la prit en 1550, & la ruina, Voyez Marmol, Liv. VI, ch. 26 & 28. Il y en a aussi une de ce nom en Languedoc.

AFTOMATES. Voyez Automate.

AGA.

AGA. Interjection admirative. Vieux mot qui vient d’un autre vieux mot, Agardez ; pour dire regardez, voyez un peu. M. Huet croit que ce mot est purement hébreu, & que c’est une abréviation de deux mots hébreux, qui signifient, Animadversio Authoris ; ainsi on a dit Aga, pour Animadverte. Il y a des provinces ou Aga est encore fort usité parmi le peuple.

Et qu’est-ce ceci ? est-ce mes huy,
Diable y ait part, aga quel prendre ?
A Sire que l’on le puisse pendre
Qui ment. Tripault de Bardis et Pathelin.

AGA, ou AGHA. s. m. Terme d’Histoire & de Relation. Ce mot signifie dans la langue des Mogols, & dans celle des Khovarezmiens, un Homme puissant, un Seigneur, & un Commandant. Les Turcs se servent de ce mot pour signifier absolument un Commandant. Ainsi l’Aga des Janissaires est leur Colonel, & le Capi Aga est le Capitaine de la porte du Sérail. On donne par civilité à quelques personnes le titre d’Aga, quoiqu’ils n’aient aucune charge. Quand ce mot est en régime, c’est-à-dire, quand il y a un autre substantif après lui qui en dépend, & que dans nos langues occidentales nous mettrions au génitif, on dit Agassi, & non pas Aga. Aussi Capi Agassi, signifie l’Aga ou le Gouverneur des Pages ; Spahilar Agassi, l'Aga, ou le Général de la Cavalerie.

AGACE. s. f. Espèce de pie, qui a les plumes plus noires que les autres. Pica. Voyez. Pie. Ce mot vient de l’Italien Ragazza, qui signifie Garrula.

AGACEMENT. s. m. Incommodité, impression désagréable qui vient aux dents par le moyen de quelques acides. Dentium hebetatio. L’agacement se fait plutôt dans les gencives que dans les dents mêmes ; car si on frotte les gencives avec du vitriol, ou d’autres acides, il en résulte le même effet. Dans un combat que fit faire le Duc de Savoye en 1421, d’un ours contre des dogues, le Gouverneur lui frotta les dents avec du vitriol ; ce qui lui causa un tel agacement, qu’il ne put mordre les chiens.

AGACER. v. act. Attaquer, irriter, picotter, provoquer quelqu’un doucement à quelque dispute, ou querelle. Lacessere, Provocare. Il l’a si souvent agacé, qu’il a été contraint de répondre. C’est une chose bien agréable de se voir agacer par le mérite d’une jolie femme, quand elle n’a d’enjouement qu’autant qu’il en faut pour plaire. Corn. Ils s’agacent l’un l’autre. Boil.

Cher Tirsis, je me sens piquer
De vingt sonnets dont tu m’agaces.

Tout cela n’a d’usage que dans le style satyrique, ou badin. Ménage dérive ce mot du Latin acax, du verbe acco, & de acaciare, qui sont factices, d’où il prétend que sont venus •gact, & ttgacer : d’autres du mor laetj’ere, prétendant qu’on a dit en quelques li~ux ace.fer , pour dire ~tgacer. Il y a plus d’apparence qu’il vient de hegace, vieux mot cd.. tique & Bas-Breton , qui fignilie agMer, où btga{Ns fignilie auffi co11tentit11X. Autrefois on difoit auffi .AgMitr dans le même fens.

~GAc ;Ell , figt !ifie auffi, Endormir, atfoupir la f.1culcé de : quelque chofe, empêcher fon adion. Hebetare. Les fruits verdS & acres agawJt les dents ; c’ dl :-ào.dire, qu’ils les remdent molles , & en état de ne mâcher qu’avec peine & dégoût. On le dit auffi du tranchant des ferrc :mens. Un couteaueft agMt, .9.uand on a coupé du fruit. ’AGA ci ÉE , part. pafl : & adj. LacejfltNs , pri’Focll/Ns, ou hebtttttlls.

a ::T AGACERIE, f. f . Terme yar lequel on exprime les petites chofes que die ou que fait une femme , & les pentes marùères donc elle fe fen pour s’attirer l’attention de quelqu’un qui ne lui déplaît pas. Cette Dame fi délicateJ· ugea qu’il écoirtemps de me donner de l’e(pérance, & e me faire pen fer, mais par les •g«erits les plus décentes , q11e T’Dml /.

. AGANTE. Terme de mer, c’eft-à -dire, prens. Ce mot n’cft ufiré que parmi les matelots. .

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AGAPES. Terme de l’Hiftoire Eccléfiaftique q_ui ûgnifioit daru la primitive Eglife Grecque les feftins que faifoienrenfemble les premiers Chrétiens dan~ les Eglifès, pour .entretenitl’urùon, & la concorde cntr’atx. Voici ce qu’en die ~e~tullien , dans fon Apologétique , pour en ex,eliquer l’ongme : Le nom de nos foupers apprend la. raifon de leur établitfentenr. On leur ddpne Wl nom q_ui fignifie en Grec charité. Quelque dépenfe que l’on y faffe., on regardé œmme un _gain , une déperlfe que l’on. fait par piété- . C’eft un rafraîdulfement par lequel on foulage les .Pat !· v~. Chacun. rmangeoit modeftc :menr , & ; le repas finir- ~ fott par la pner~

Saint Pau ! dans fon Epift.Z . aux Corinth. Ch, i 1. parle de c ;cs Ag.zpes, ou feltins, que ceux de Corinthe faifoientdans l’E- .gbfc en l’honneur de celui de JEsus-CHRIST, lorfqu’ilin~ ·il ima l’Euchariftie. Mais au lieu de le faire cous en eonunun~ les riches faifoienc leur fouper à part ; & c’ell ce que Saint Paul reprend, lorfqu’il leur die : De la manièrt donc q11e ’foNs fai~es ces a./femblées, ce n’eft poitu manger’" Cène tL. Seigne/Ir. Car chacNn prend & m~tnge pM ttVIUICe lt foup~r fJII’ il apporte , m forte que les UIH n’ont ri !n .è mttnger , pm- .d~tnt q~~e les aNtres font grande chère. La Cène du Seigne11r ne fe prend pas en ce lieu-là pour l’Eucharifiie , mais pour le feftin ott fouper qui l’accompagnait, & que les premiers Chrériens faifoient en mémoire du Couper que }Esus~ CHRIST fic avec fes Apôtres, lorfqn’il inftirua l’Euchariftie. Les Juifs nouvellement convertis faifoient (e feilin avec beaucoup d’apparat, pour mieux repréfenœr le feftin de la Pâque légale. Lc :s paroles de l’Apôtre femblent infinuer que ce feftin fe faifoit avant la Communion ; mais il y eut dans :la fuite, des Ordonnances de l’ERlife, qui obligeaient les fidèles de recevoir l’Euchariftie I jeun ; & ainli les Agqes ne fe firent plus qu’après la Commurùon. Quelques Auteurs one cru que .cette cérémorùe ou coutume écott empruntée de$ Payens : Mos -vero ille ; ~tt referMtlt, die Sedulius fur le Chapitre 1 1. de la 1re Epître aux Corindr. de gentili ttdhNc[NperJI.itione-veniebllt. C’eft même un repro-che que Fauftc Maruchéen faii : aux Chrétiens dans S. Auguftin, d’avoir changé les facrifices des Payens enAgllper. Chriftiatm[acriftciA P~tgttnortun ’J1ertiffe in .Ag.tpas. Mai,sii les Agapes tiroienc leur origine des Sacrifices , il feroit bien plus vraifemblable , que les premiers Chrétiens auroient ftuvi en cela ce qui fe pratlquoit dans les Sacrifices des· Juifs. Le reproche d’un ennemi de l’Eglife, comme Faufte , à qui quelque rdlèmblance de ces tèftins à ceux des Payens avoit d01mé lieu de faire cette caloqmie, ne prouve rien ;. C’eft ainfi qu’Wle in.fuùté de reproches , que nous font les Proteftans, font très-faux. Ces feftins qui fe faifoienc dlJ.llS les Sacrifices font fon anciens. On lir au Chap. 1 S. de l’Exod. y, 12.. fethro, be4t~père de Moife, •ffrit des hlloc.uljlei & des facriftces ,è Die11, & .Aaron , ttccompapé tks .Ancimi tks Ifraèlit,es, -vim _po11r ’ !'"".F •-v~c ltli m 1• prifmce de Die~~. Apres toue, il paron plus vraifemblable que ces fi :ftins fe fàifoicnr en memoire du repas que fit Notre Seigneur la veille de fa more avec fes Difciples, avant l’inilirution de l’Eutha.riftie. Saint Paul , qui en favoit bien l’origine • femble le marquer par le motCœn.,, foupcr, & D1minicli Ctm~~ , fcuP«r <lu Seigneur , dont il s ;cft fervi. .

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ll eft encore parlé des Agapes, ou feftins de charité , dans l’E~ PcÎtte IJ, de Saint Pierre Chap. 1. Y. 1 ~•où ’e Saint Apôtre f faifant le pomait de quelques fa.ux Dotœur~, di& q11’ils n’aiment q11e le11rs plaifirs ; & qNe les feflins q1llu f~nt font de pues dtbllllches. On lit dalls les plus anciens maimfcrics Grecs le mot d’ .i-y,&,.,,& dans notre Vulgaœ,/" co,.,rviis foii lNxuriAntts. Selon cette ancienne leçon ces impies tàifoi~t leurs délices de ces feftins, qui !l’avoient été établis par les premiers Chréùcns, ·qlllf pour exercer leur diaricé envers lears frères. Il eft encore fair mention de ces .Agapu au Y• i 2., de l’Epître de Saint Jude. Ces feftins religieux donne.. rent lieu aux Payens <l’accufer les Chrétiens de commettre des impuretés, & de fe mélcr au hafard dans leurs atfCJn& blées. Ce mot d’Agape, qtu en Grec ltgnifie amour, fo~ fiait le foupçon , IX faiioit prendre ce~ repas de charité