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VI

essentiels et de leur dignité d’hommes libres comme citoyens et frères.

Le petit livre fut mis en vente le 1er juin 1843. — J’en envoyai à toutes les sociétés de compagnonnage des divers devoirs et à celles des sociétaires de l’Union[1]. — Je fis distribuer dans les grands ateliers de

  1. Voici la lettre que je leur adressai :
    Messieurs,

    Je vous envoie par la poste un exemplaire du petit livre de l’UNION-OUVRIÈRE, et je viens vous prier de vouloir bien lire, discuter et étudier avec toute l’attention possible, les questions que j’ai traitées dans cet ouvrage.

    Je suis en dehors de toute coterie, de toute personnalité. C’est donc uniquement au point de vue du bien général que j’ai traité la question de l’Union entre tous les ouvriers. Pour moi, il n’y a ni gavots, ni dévoirants ; mais seulement des hommes égaux, des citoyens ayant les mêmes droits et les mêmes intérêts, des frères malheureux devant s’aimer et s’unir pour réclamer pacifiquement leurs droits et défendre leurs intérêts.

    Je vous prie, messieurs, de lire mon petit livre avec impartialité. Ne vous laissez pas aveugler par un préjugé absurde et funeste. Que ma qualité de femme ne soit pas pour vous un motif de répulsion pour mon œuvre. Songez bien que l’amour, l’intelligence, la force, n’ont pas de sexe. En lisant le livre de l’UNION-OUVRIÈRE, ne vous occupez uniquement que d’étudier la valeur des idées qui s’y trouvent. Si vous les jugez bonnes, rationnelles et réalisables, mettez-moi entièrement de côté et faites qu’elles deviennent vôtres. Ce à quoi j’aspire, ce n’est pas à la vaine gloire d’avoir fait un livre. Non, grâce à Dieu ! je suis au-dessus de cette petitesse. Ce que je veux, ce à quoi je travaille, c’est à servir efficacement la classe la plus nombreuse et la plus utile. Voilà tout ce que je désire et rien de plus.

    Comme vous le verrez dans ma préface, je ne fais pas de la vente de ce petit livre une affaire de commerce. L’argent qui en résultera sera employé au service de la cause. C’est pourquoi, messieurs, je viens franchement, et fraternellement vous prier de m’aider à placer ce livre parmi les ouvriers. C’est pour la cause que je vous demande votre appui et non pour moi. Si d’ici à un an nous parvenons à faire que chaque ouvrier ait le livre de l’UNION-OUVRIÈRE au fond de sa casquette, dans trois ans