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subordonnés, ses conditions. — En un mot, elle se fait juge et partie, absolument comme agissaient les seigneurs féodaux qu’elle a renversés. — Étant propriétaire du sol, elle fait des lois en raison des denrées qu’elle a à vendre, et règle ainsi, selon son bon plaisir, le prix du vin, de la viande et même du pain que mange le peuple.

Vous le voyez, à la classe noble a succédé la classe bourgeoise, déjà beaucoup plus nombreuse et plus utile ; reste maintenant à CONSTITUER LA CLASSE OUVRIÈRE. — Il faut donc qu’à leur tour les ouvriers, la partie vivace de la nation, forment une vaste UNION et SE CONSTITUENT EN UNITÉ ! Oh ! alors la classe ouvrière sera forte ; alors elle pourra réclamer auprès de MM. les bourgeois et SON DROIT AU TRAVAIL et l’ORGANISATION DU TRAVAIL ; et se faire écouter.

L’avantage dont jouissent tous les grands corps constitués, c’est de pouvoir compter pour quelque chose dans l’État, et à ce titre, d’avoir à se faire représenter. — Aujourd’hui l’UNION ROYALISTE a son représentant à la Chambre, son délégué devant la nation pour y défendre ses intérêts ; et ce défenseur est l’homme le plus éloquent de France : M. Berryer. — L’UNION COLONIALE a ses représentants à la Chambre, ses délégués devant la mère-patrie pour y défendre ses intérêts. — Eh bien, pourquoi donc la classe ouvrière, une fois qu’elle sera CONSTITUÉE EN CORPS, elle qui, certes, par son nombre et surtout son importance, vaut bien le corps royaliste et le corps des propriétaires coloniaux, n’aurait-elle pas aussi son représentant à la Chambre et son délégué devant la nation pour y défendre ses intérêts ?

Ouvriers, songez bien à ceci : la première chose dont vous ayez à vous occuper, c’est de vous faire représenter devant la nation.