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se prolonge, elle nous irrite, nous exaspère, et, ne rêvant plus qu’au moyen de nous venger, nous finissons par devenir nous-mêmes durs, injustes, méchants. — Tel sera l’état normal de la pauvre fille à 20 ans. — Alors elle se mariera, sans amour, uniquement parce qu’il faut se marier si l’on veut se soustraire à la tyrannie des parents. Qu’arrivera-t-il ? — Je suppose qu’elle ait des enfants : — à son tour, elle sera tout-à-fait incapable d’élever convenablement ses fils et ses filles : elle se montrera envers eux aussi brutale que sa mère et sa grand-mère l’ont été envers elle[1].

Femmes de la classe ouvrière, observez bien, je vous prie, qu’en signalant ici ce qui est touchant votre ignorance et votre incapacité à élever vos enfants, je n’ai nullement l’intention de porter contre vous et votre nature la moindre accusation. Non, c’est la société que j’accuse de vous laisser ainsi incultes, vous, femmes ; vous, mères, qui auriez tant besoin, au contraire, d’être instruites et développées, afin de pouvoir à votre tour instruire et développer les hommes, enfants, confiés à vos soins.

Les femmes du peuple, en général, sont brutales, méchantes, parfois dures. — C’est vrai ; mais d’où provient cet état de choses si peu conforme avec la nature douce, bonne, sensible, généreuse, de la femme ?

Pauvres ouvrières ! elles ont tant de sujets d’irritation ! D’abord le mari. — (Il faut en convenir, il y a

  1. Les femmes du peuple se montrent très tendres mères pour les petits enfants jusqu’à ce qu’ils aient atteint l’âge de deux à trois ans. — Leur instinct de femme leur fait comprendre que l’enfant, pendant ses deux premières années a besoin d’une sollicitude continuelle. — Mais passé cet âge, elles les brutalisent, (sauf exceptions).