Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/148

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Dès l’âge de vingt ans à l’humaine tendresse.

Il se lève.
Mais je te vis, Paris, ô ville charmeresse !

Je te vis et, bientôt, m’attira le péché.
Le lévite d’hier devint un débauché.

Il marche avec agitation.
Ah ! qui pourrait me voir me traîner sur ces dalles,

Portant le capuchon, la robe et les sandales,
Pourrait-il reconnaître en ce moine attristé,
Ce Raoul de Régnieu qu’à travers la cité
On regardait passer magnifique et splendide,
La bourse toujours pleine…… et le cœur toujours vide.

Il s’arrête.
Mais pourquoi suis-je ici ? Pourquoi, dans mon passé,

Une femme de cœur a-t-elle donc passé ?
Pourquoi l’aimai-je tant et pourquoi m’aima-t-elle ?
Pourquoi cette barrière entre nous éternelle ?
Et pourquoi donc un autre ?

Il se rassied et reprend bientôt.
Et pourquoi donc un autre ?Hélas ! rien qu’à la voir,

Sainte épouse attachée au rigide devoir,
Je redevenais pur, car c’est toujours la femme
Qui fait l’amant sublime ou qui le fait infâme ;
Et quand elle m’a dit : « Par notre amour sacré,
Par nos pleurs, jurez-moi de partir ! » — j’ai juré.
Pour tenir mon serment, j’ai traversé le monde,
Mais au Nord, au Midi, sur la terre ou sur l’onde,
J’avais toujours, gravés dans mes yeux et mon cœur,