Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/149

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Son sourire attirant et son regard vainqueur.
Tout seul contre l’amour, l’homme était sans défense ;
Alors je me souvins du Dieu de mon enfance,
Et j’accourus ici pour mettre entre nous deux,
Non plus de vastes mers, mais d’immuables vœux ;
J’accourus, mais en vain, car toujours dans mon âme,
Vivante est la blessure et brûlante la flamme.

Il se lève et prend un livre sur la table.
Pour l’oublier, tâchons de lire un peu. Voici

Saint Augustin… lisons, car il aimait aussi.

Il rejette bientôt le livre.
Il aimait !……Comment donc oublia-t-il si vite ?
S’agenouillant devant le crucifix.
Prions, puisque à prier ce crucifix m’invite.
Après un moment.
Ma bouche prie encor, mais mon cœur est absent.

Ô Christ ! je te le dis tout bas, en rougissant,
Quand, au pied de ta croix, je viens te rendre hommage,
Même en te regardant je vois une autre image.

Il se lève et va à la fenêtre étroite ; il l’ouvre : on aperçoit alors les Alpes éclairées par une belle lune. Il regarde et s’écrie bientôt :
Oh ! qu’ici la nature est admirable à voir !

Quelle beauté le jour ! et quelle paix, le soir !
Te contempler, ô nuit ! c’est une autre prière…
Ô vous, étoiles d’or à la douce lumière,
Et vous, piliers du ciel, Alpes aux grands sommets,