Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/157

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Si bien que tout à l’heure en te voyant venir,
Je croyais simplement continuer mon rêve !
Oui, nous allons partir ! Va ! je sais une grève
Dans ma Bretagne, au pied d’un rocher de granit,
Où l’océan commence et le monde finit :
Je sais une retraite, ombreuse et solitaire,
Où nous pourrons trouver, oublieux de la terre,
L’éternelle union après l’exil amer !
Où, n’ayant pour témoins que le ciel et la mer,
Nous pourrons dans l’amour, enfermant notre vie,
Rassasier enfin notre âme inassouvie !…
Oui ! je t’aime et je suis bien heureux !…

LOUISE.

Oui ! je t’aime et je suis bien heureux !…Moins que moi !

RAOUL.

Mon cœur est envahi d’un indicible émoi !
Voici que mon regard de ton regard s’enivre,
Et voici qu’en ce jour je recommence à vivre !

LOUISE, avec une douceur profonde.

Aimons-nous.

RAOUL.

Aimons-nous.Aimons-nous, puisque victorieux
L’autoritaire Amour prévaut sur la défense,
Et que le ciel ne peut tenir pour une offense
Notre humble obéissance au maître impérieux.

LOUISE.

C’est toi, c’est toi mon maître !… et mes nuits d’agonie