Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/162

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Vous êtes secourable aux faibles cœurs, mon père !
Mais vous ne savez pas, et pour vous, je l’espère,
Vous n’avez jamais su ce qu’au cœur ulcéré,
L’irrévocable adieu du seul être adoré
Laisse de meurtrissure et de désespérance.

LE PRIEUR, à part.

Peut-être !

RAOUL.

Peut-être !Quel exil ! quels pleurs ! quelle souffrance !
Pour suivre le chemin de l’austère vertu,
Nous avons tant prié, mon Dieu ! tant combattu !

LE PRIEUR.

Mais justement, mon fils, ces longs mois de noblesse
Ne nous permettent plus une heure de faiblesse.
Eh quoi ! lorsque vos cœurs, chastes crucifiés,
Sur l’autel du devoir s’étaient sacrifiés ;
Lorsque, sans un délai, sans une défaillance,
Vous avez pu montrer une telle vaillance,
Que moi, vieillard meurtri par d’intimes combats,
Devant tant de grandeur je m’incline tout bas,
Vous oseriez ternir votre héroïque gloire,
Et tomberiez vaincus, touchant à la victoire !…
Et pourquoi ? Quel plaisir vous attend en retour ?
Vous partez, mais où donc allez-vous ?

LOUISE.

Vous partez, mais où donc allez-vous ?À l’amour !

RAOUL.

C’est-à-dire au bonheur !