Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/166

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Et notre amour était suave et parfumé ;
Mais il était fragile, étant illégitime ;
Et nous fûmes bientôt surpris dans notre crime.
Celui que j’offensais pouvait être cruel,
Mais, généreux, au meurtre il préféra le duel.

RAOUL, à part.

Un duel !

LE PRIEUR.

Un duel !Je l’acceptai, ne voulant, je le jure,
Que lui donner mon sang pour laver son injure.
Mais lui-même, aveuglé par sa juste fureur,
Se jeta sur mon fer en me visant au cœur.
Il tomba. Cette mort est dans mes yeux restée…

À voix basse.
Et ma vieillesse encore en est ensanglantée.
RAOUL.

Et que devint l’épouse ?

LE PRIEUR, à part.

Et que devint l’épouse ?Ah ! faut-il achever
Ce lugubre récit, afin de les sauver ?

RAOUL.

Mon père, répondez, que devint cette femme ?

LE PRIEUR.

Refoulant ses douleurs dans le fond de son âme,
Par un reste d’amour, mais surtout par pitié,