Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Du crime et du remords elle prit la moitié.
J’avais dû fuir. Bientôt elle vint me rejoindre.
Emportant notre amour, — notre amour déjà moindre —
Nous partîmes bien loin !… Déjà moindre, ai-je dit ?
Déjà mort, déjà mort dans notre cœur maudit.
La tendresse jamais ne survit à l’estime,
Et l’estime finit où commence le crime.
Elle, héroïquement, s’attachait à mes pas.
Mais je voyais ses pleurs qu’elle ne montrait pas.
Les saintes voluptés nous étaient interdites !
Elle en mourut bientôt.

RAOUL.

Elle en mourut bientôt.Elle en mourut, vous dites ?
Le nom de son mari ?

LE PRIEUR, à part.

Le nom de son mari ?Soutenez-moi, mon Dieu !
C’était !

RAOUL.

C’était !Eh ! bien ?

LE PRIEUR.

C’était ! Eh ! bien ?C’était le comte de Régnieu.

RAOUL, avec un cri de douleur et de rage.

Honte et malheur sur toi, qui m’as tué mon père !
Va-t’en, moine, va-t’en, car je sens la colère
Me monter à la bouche et me gronder au sein
Contre le séducteur et contre l’assassin !