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III

Mais lui plein de tristesse : « Ô chantres bucoliques,
Pasteurs Arcadiens, pleurez, pleurez mes maux,
Vous experts à souffler notes mélancoliques
Au creux des chalumeaux !

Ah ! combien mollement reposera ma cendre,
Si plaignent vos pipeaux mes amours douloureux !
Ô Dieux ! dans vos vallons j’aurais bien dû descendre,
Heureux, chez des heureux !

Berger ou vendangeur, amis, je serais vôtre ;
Et couché sous le saule, Amyntas m’aurait plu,
Amyntas ou Phyllis, ou peut-être quelque autre,
Si quelque autre eût voulu ?

— Mais Amyntas est noir ? — Après ? La violette
Est-elle moins aimable en ses mauves couleurs ?
Amyntas a des chants, et Phyllis pour ma tête
Aurait tressé des fleurs…

Ô bois ombreux, forêts où j’aurais voulu vivre,
Vivre seul avec toi, Lycoris ?… Ô gazons,
Ô sources aux flots clairs dont la fraîcheur enivre,
Ô mes chers horizons !