enfants lui racontèrent sur Sophie ; il put voir que leurs cœurs se valaient et qu’ils étaient tous deux aussi bons et aussi intelligents l’un que l’autre. Florence avoua qu’elle avait envié la fortune de son oncle pour Algernon, qu’elle jugeait tout à fait digne d’y faire honneur, et en parlant ainsi, sa voix était si émue et elle était si belle, que sir Charles murmura dans son cœur : « Ô Florence, si je ne vous épouse pas, je mourrai sans héritiers, car vous seule deviendrez jamais lady Temple. »
Puis après ce vœu sacré formé dans son cœur, sir Charles tomba dans une profonde rêverie, durant laquelle toutes les perfections de celle qu’il s’était choisie pour femme passèrent devant ses yeux. La conclusion de tout cela fut qu’il l’adorait et qu’elle devait être à lui.
Ses deux compagnons de route ignoraient complètement ce qui l’absorbait à ce point ; mais ils se sentaient heureux, et cette promenade si charmante pour tous trois se serait prolongée indéfiniment, si Algernon n’avait senti l’heure du dîner, à la faim qui le dévorait.
Ils rentrèrent donc en toute hâte, mais pas encore assez vite pour qu’à leur retour mistress Heathcote ne s’écriât point : « Qu’avez-vous donc pu faire tout ce temps-là, par un si vilain froid ? »
CHAPITRE XIV.
Sir Charles apprit que sa pupille n’avait pas paru depuis le matin, et que le major et sa femme avaient décidé qu’ils se contenteraient de deux cents guinées pour la garder à Bamboo-Cottage.